Ces merveilleux fous volants

sur leurs drôles de machines

L'avènement de l'Aviation Maritime

 

 

 

En 1908, l’Américain Wilburg WRIGHT arrive en France avec un avion de son invention et effectue une série de démonstrations au camp d’Auvours (près du Mans). Volant à une altitude de 100 mètres, il arrive alors à parcourir des distances d’une centaine de kilomètres.

Le Vice-amiral AUBERT, nomme alors une commission chargée d’étudier les utilisations possibles de l’avion au sein de la Marine. Dans cette commission figurent deux marins : L’ingénieur en chef PETITHOMME et le Lieutenant de Vaisseau GLORIEUX. Le 24 octobre 1908, PETITHOMME effectue un vol d’essai avec Wilburg WRIGHT. Ce vol concluant, sera renouvelé avec GLORIEUX.

Le 12 juillet 1909, le ministre de la guerre décide de l’achat de 3 appareils de conception et de construction purement françaises (2 biplans Farman et 1 monoplan Bleriot) ainsi que de 2 biplans du constructeur Wright. Ces 5 appareils sont retenus pour une utilisation militaire.

L’école supérieure d’aéronautique ouvre ses portes en novembre 1909, sous les ordres du commandant ROCHE (de l’arme du Génie).

Trois officiers de Marine détachés de leur arme, figurent parmi les premiers élèves (Les Enseignes de Vaisseau CAYLA, CONNEAU et GOUAULT). Tous trois seront diplômés en juillet 1910.

Entre-temps, le ministre de la guerre fait installer en mars 1910, les services de l’aviation à Vincennes. C’est ainsi que la mise en œuvre de l’aéroplane à des fins militaires, entre en exécution.

A partir de janvier 1910, la Marine détache dans les écoles de pilotage Farman, Levasseur et Bleriot (sous la responsabilité du Capitaine de Frégate DAVELUY), 7 officiers (LV BYASSON, EV CONNEAU, DELAGE, HAUTEFEUILLE, LAFON, DEVE et CAYLA). Le 9 août 1910, le LV BYASSON est le premier breveté pilote de l’aviation maritime naissante, et le 4 septembre de la même année, DEVE en sera le septième.

 

                                                

 

L’hydravion dans la Marine 

Naissance de la première base de l’aviation maritime

 

« Vous pouvez rire, n’empêche que c’est là, j’en suis sûr, la formule de l’avenir ! Il y a sur la surface du globe, trois fois plus d’eau que de terre, et si plus tard on veut voyager en aéroplane, il faudra bien qu’on se préoccupe de s’envoler et de se poser sur l’eau ! »

L’homme qui parle ainsi, est Gabriel VOISIN,  qui le 18 juillet 1905 vient de prendre un bain forcé dans la Seine et qui se dégage des débris de son planeur Bleriot-Voisin. Paroles prophétiques dont la clairvoyance classe leur auteur parmi les précurseurs de l’hydravion.

 

Le 28 mars 1910, l’inventeur français Henri FABRE, fait décoller sur l’étang de Berre, un appareil de 475 kg, sans carlingue, dont les châssis reposent sur 3 flotteurs. Cet appareil motorisé avec un GNOME de 50 chevaux, est dénommé par l’inventeur « Hydro aéroplane Canard ».

 

                                                  

 

En avril 1910, le Vice-Amiral BOUE de LAPEYRERE, Ministre de la Marine, met sur pied une commission présidée par le Contre-Amiral LEPORD. Cette commission est chargée d’étudier l’emploi des dirigeables ou des aéronefs dans la guerre sur mer. Dans cette commission, figurent entre autres, les LV GLORIEUX et les EV CONNEAU et CAYLA (vus plus haut). Ces trois hommes arrivent à convaincre la commission d’opter pour le choix de l’aéronef.

En date du 1er juillet 1910, le rapport de cette commission conclut à la priorité à donner aux aéronefs plutôt qu’aux dirigeables (mais sans se désintéresser de ces derniers). Le ministre approuve les conclusions et décide la création d’un parc d’aviation à Toulon et à l’achat d’un aéroplane Farman. Ce dernier sera commandé le 12 septembre, livré le 26 décembre 1910 et sera confié à BYASSON.

Le Capitaine de Vaisseau DAVELUY fut chargé en juin 1911, d’établir un projet d’organisation pour l’aviation maritime. Parmi ses suggestions (*), ce dernier demanda la création d’un centre d’aviation maritime à Saint-Raphaël (site préconisé par l’ E.V CAYLA) et l’aménagement du porte torpilleurs LA FOUDRE en bâtiment porte-aéronefs.

(*) Je possède les copies de ces textes, ainsi qu’une rubrique du journal « A travers le monde » daté du 2 novembre 1912, décrivant les activités du centre de Saint-Raphaël et de « La Foudre ».

 

Le 29 novembre 1911, le Ministre des finances, accordait à la Marine, la cession des terrains domaniaux de Fréjus Saint-Raphaël et lui en permettait l’occupation immédiate. Le Porte Torpilleurs LA FOUDRE fut quant à lui envoyé à l’arsenal de Toulon, afin d’y être aménagé selon les désirs de DAVELUY.

 

                                                                     

 

L’idée de l’hydravion amène à reconsidérer complètement les conceptions de l’utilisation de l’aéroplane au sein de la Marine. Ce dernier serait placé sur un plan incliné à l’avant du bâtiment porteur, d’où il prendrait son envol. Une fois sa mission réalisée, il amerrirait  et serait remonté à bord du bâtiment, à l’aide d’un mât de charge. Dans cette optique, la Marine achète un Canard Voisin à flotteurs.

L’ex Porte Torpilleurs LA FOUDRE mouillé devant le terrain de Fréjus, sert alors d’abri flottant, d’atelier et de poste de ravitaillement. Une orientation très nette se fait alors en faveur de l’hydro aéroplane (Hydravion).

Le 1er mai 1912, le ministre de la Marine autorise l’achat d’un hydravion Breguet monoplan à flotteur unique, d’un autre de marque Nieuport à flotteurs doubles et la transformation d’un avion biplan Farman.

Les expériences peuvent alors être maintenant réalisées avec LA FOUDRE. En juillet 1912, les aviateurs marins prennent part aux manœuvres tactiques en Méditerranée avec le Canard Voisin et un nouvel appareil Nieuport démontable. Ces manœuvres navales mettent en évidence les qualités du Nieuport et le ministre décide l’achat d’un 2° appareil de ce type (avec une motorisation plus puissante).

En fin d’année 1912, le centre de Fréjus dont les travaux d’aménagement se poursuivent, dispose de 7 appareils de types divers (Voisin, Breguet, Nieuport, Caudron et Farman).

Les expériences se poursuivent, mais non sans casse de matériel…… La puissance des moteurs augmentant, l’hydravion acquiert rayon d’action et robustesse. Mais faute de crédits, l’aviation maritime alors dans son berceau, ne sort pas de la période expérimentale.

Au milieu de l'année 1913, la Marine dispose de 11 pilotes d’aéronefs. A cette époque, LA FOUDRE fut utilisée lors des grandes manœuvres navales. Ses hydravions furent chargés de repérer « la flotte adverse ». Patrouillant au large, un Nieuport repéra les bâtiments de ligne et par ce repérage fit échouer une attaque surprise. Le ministre signa alors la commande de 5 autres hydravions de ce type  qui furent attribués à de nouveaux pilotes ( L’ESCAILLE, RAYNAUD, DU TERTRE, NOVE-JOSSERAND et DELAVOYE).

Ce groupement représentera alors, la naissance de la notion d’escadrille.

En novembre 1913, la décision fut prise d’installer une plate-forme d’envol sur LA FOUDRE. Cette dernière d’une longueur de 10 mètres fut aménagée en vue de l’envol d’un Caudron G3. Le 8 mai 1914, devant Saint Raphaël, René CAUDRON réussit ainsi à faire décoller son appareil. (Notons toutefois que cette plate-forme fut démontée à la déclaration de guerre, et les essais de décollage à partir d’un bâtiment remis à une date ultérieure…)

 

                                               

 

A l’aube de la première guerre mondiale, la Marine française, pas plus qu’aucune autre au monde, n’a encore mesuré l’aide que pouvaient apporter dans la reconnaissance aérienne, les avions et hydravions, ainsi que leur  rôle offensif redoutable dans les combats navals.

Au 1er août 1914,  l’aviation maritime française, ne dispose que de 14 pilotes (11 officiers et 3 Quartiers-maîtres), d’une vingtaine d’hommes en cours d’instruction au pilotage, de 17 appareils de types disparates, du transport LA FOUDRE et du terrain de Fréjus Saint-Raphaël.