Le BEARN
et ses escadrilles
Le Porte-avions BEARN
Si le groupe des escadrilles du BEARN est crée le 1er septembre 1926, ce n’est pas pour autant que ce denier est prêt à entamer sa carrière de porte-avions.
Avant d’ouvrir le chapitre réservé à ce groupe aérien, nous allons retracer brièvement l’historique de son bâtiment porteur.
Mis sur cale en tant que futur cuirassé le 5 janvier 1914 aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne sur mer (Var), sa construction est arrêtée le 23 juillet (au niveau du pont cuirassé inférieur), et la coque reste sur cale durant toute la durée de la première guerre mondiale (les crédits destinés à la Marine sont restreints).
Ainsi que nous l’avons vu précédemment, afin de pouvoir effectuer des essais d’accrochage d’avions terrestres, il est procédé le 15 avril 1920 au lancement de cette coque. Suite au succès du Lieutenant de Vaisseau TESTE et de son équipe, la décision est alors prise de la terminer en porte-avions. Cette décision est suivie d’effets à partir de 1923 et il faut attendre le 1er septembre 1926 pour voir le BEARN armé pour essais.
Ces essais durent jusqu’en 1927 et le 10 mai de cette année là, le porte-avions appareillant enfin, les premiers accrochages à la mer sont effectués. Il effectue sa traversée de longue durée en avril 1928 et le 1er mai il entre en service actif au sein de la première escadre de la Méditerranée. Le Capitaine de Vaisseau Jean de LABORDE est son premier Commandant.
Voici les caractéristiques du bâtiment :
Déplacement : 22 000 tonnes – Longueur hors tout : 182,5 mètres – Largeur : 27,66 mètres – Hangar aviation de 124 mètres de long – 3 ascenseurs électriques pour la mise en œuvre des aéronefs - Propulsion : chaudières de type « Normand » à chauffe au pétrole (12 jusqu’en 1934, et 6 par la suite après refonte) – 2 groupes de machines alternatives de type « Parson » - Vitesse maxi du bâtiment : 21 nœuds.
Une première croisière du 27 mai au 5 août en compagnie de ses 3 escadrilles, le mène en Atlantique et en Manche. Durant la même année, une autre tournée du 12 octobre au 9 novembre le conduit en Corse et en Algérie.
En raison d’une refonte* (de nos jours, nous appelons cela une IPER..) qui l’immobilise de décembre 1928 à mars 1929, il n’effectue sa 3ème croisière qu’à compter du 27 mai et ce jusqu’au 10 juillet. Divers exercices le mènent alors, le long des côtes marocaines et algériennes. La dernière sortie des années 1920 est ensuite effectuée entre le 10 octobre et le 30 novembre 1929, période durant laquelle, mouillé devant AGADIR durant 4 jours en octobre, ses escadrilles effectuent des raids d’intimidation et de reconnaissance dans certaines zones du sud marocain encore en dissidence. Quittant Agadir le 28 octobre, il se dirige sur Dakar, Las Palmas, Madère, Oran, puis il regagne Toulon.
*Cette refonte concernera notamment le remplacement du système de sacs de sable en lest sur les brins d’arrêt, par des freins mécaniques à friction de type SCHNEIDER-FIEUX. Le pont d’envol quant à lui, subit une modification au niveau de l’avant qui devient légèrement incliné.
La première moitié de la décennie 1930, voit le BEARN et sa flottille, participer à peu de choses près, aux mêmes sorties, avec toutefois une exception en Méditerranée orientale entre le 15 avril et le 25 juin 1932 où les Libanais et les Grecs peuvent le voir évoluer devant Beyrouth et Athènes.
Entré en grande refonte en février 1934, il ne reprend le service actif qu’à partir de novembre 1935.
A compter du 1er octobre 1936, il est affecté à l’escadre de l’Atlantique à BREST. Cette nouvelle affectation permet de faire participer son groupe aérien, aux divers exercices en compagnie notamment des cuirassés LORRAINE, BRETAGNE et PROVENCE ainsi qu’un peu plus tard avec les nouveaux bâtiments de ligne DUNKERQUE et STRASBOURG. Le dernier déplacement embarqué important pour le porte-avions s’effectue du 10 mai au 14 juin 1938 vers le Portugal et le Maroc.
Le 3 septembre 1939, toujours à BREST, son aviation est mise à terre (on peut penser que sa lenteur de déplacement face à la rapidité des nouveaux bâtiments de l’escadre est un lourd handicap). Il est alors mis en travaux à partir d’octobre afin d’être aménagé en ravitailleur à flot pour les gros hydravions Latécoère et Breguet-Bizerte. Ces travaux se terminent en avril 1940. Réaffecté en Méditerranée, il quitte Brest et arrive à Toulon le 18 avril. Il effectue alors une sortie durant les premiers jours de mai afin de faire apponter de jeunes pilotes de l’escadrille 2S3 sur Levasseur, et d’autres pilotes de l’escadrille AB1 sur Chance-Vought 56F. Toutes ces qualifications s’interrompent brutalement le 10 mai avec l’offensive allemande qui débute dans le Nord.
Le BEARN est alors affecté au transport d’or vers Halifax, or destiné à financer (Cash and carry) les avions achetés aux USA (Helldiver, Stinson, Brewster, etc…). Ces avions sont chargés sur son bord afin d’être convoyés en Métropole, et il appareille le 16 juin. Mais les évènements se bousculent en France, la côte atlantique française est occupée peu à peu par l’Armée allemande… Il est alors détourné vers les Antilles et arrive à Fort de France le 27 du mois. Il y demeure jusqu’en 1943 en compagnie des croiseurs JEANNE D’ARC et EMILE BERTIN et des pétroliers MEKONG et VAR (tout ce groupe sous l’autorité de l’Amiral ROBERT, resté fidèle au Maréchal Pétain).
Le 14 juillet 1943, les Antilles passant sous l’autorité du comité français de libération, les bâtiments bloqués dans ces îles vont pouvoir participer aux combats du côté des Alliés. Le BEARN est envoyé aux USA afin d’y être transformé en transport d’aviation. Il appareille ensuite le 7 mars 1945 chargés d’avions à destination de la Grande Bretagne Durant cette traversée il aborde le transport américain M.C Mac ANDREW. Sa plage avant est enfoncée et il perd 4 hommes d’équipage (le transport américain déplorera 70 morts). Le BEARN est alors dérouté sur Casablanca pour réparations.
La guerre en Europe s’achève, mais le BEARN n’en a pas terminé pour autant. L’Indochine qui est entrée en rébellion, va alors le voir arriver dans ses eaux le 21 octobre 1945 chargé de matériel et d’hommes du groupement MASSU. Il y reste jusqu’en juin 1946 effectuant alors tout au long des côtes indochinoises divers transports d’avions et de bâtiments de débarquement.
Il réintègre la métropole le 23 juillet et est alors placé en disponibilité. Mis en réserve spéciale il va « dormir » plus de deux ans et il est ensuite affecté le 9 décembre 1948 au Groupe d’Action Anti Sous Marine (GASM) afin d’y servir de base fixe. Il est condamné le 31 mars 1967, vendu puis démantelé à Savone par une compagnie italienne de ferraillage.
Le groupe (ou Flottille du BEARN)
En 1928 la « Flottille du BEARN » se compose de 3 escadrilles qui, hors embarquement, sont stationnées à Hyères : Une de chasse (la 7C1), une autre de bombardement (la 7B1 - ex 7B2) et enfin la troisième assumant la surveillance (la 7S1 – ex 7R1). En juin de cette même année le groupe s’enrichit d’une section d’entraînement, section destinée à former les nouveaux pilotes aux techniques d’accrochage sur porte-avions, avant d’être affectés en escadrilles.
Lors de l’affectation en 1936 du BEARN à Brest, le groupe voit son affectation à terre se situer tout d’abord et ce jusqu’en octobre 1937 à Cherbourg-Querqueville en attendant l’achèvement des travaux de la base de Lanvéoc-Poulmic. A cette échéance, le groupe s’installe comme prévu sur la toute nouvelle base de la presqu’île de Crozon dans le Finistère et en profite pour changer son appellation en 1938 : La dénomination de « Flottille F1A » se substitue à celle de « Flottille du BEARN ». En même temps les escadrilles se trouvent renommées : La 7C1 devient AC1, la 7B1 prend la numérotation d’AB1 et la 7S1 celle d’AB2.
Octobre 1938, voit également la naissance d’une autre formation. Il s’agit de celle de chasse nommée AC2. Elle est destinée elle aussi à opérer à partir du BEARN. Stationnée dans un premier temps à Hyères, l’entrée en guerre le 1er septembre 1939 et la mise à terre des escadrilles du porte-avions, l’en empêchent.
L’escadrille de chasse
En avril 1926, la 7C1 (première escadrille de chasse de la Flottille du BEARN) est sous les ordres de l’Enseigne de Vaisseau JOZAN. Elle perçoit des Levy-Biche LB2 devant théoriquement remplacer les Dewoitine D1C1. Cet appareil monoplace, biplan est motorisé par un Hispano Suiza de 330 ch. D’une longueur de 7,5 mètres pour une envergure de 10,4 mètres, il peut atteindre une vitesse de 220 km/h. Néanmoins cet appareil dont la cellule est composée pour l’essentiel de bois entoilé, n’est pas apte pour une utilisation en atmosphère marine. Ils sont alors retirés du service vers la fin de l’année, et dès octobre 1928 les bons vieux Dewoitine D1C1 reprennent du service…. Notons toutefois que c’est grâce au LB2 que JOZAN réussit à effectuer le 1er appontage de nuit.
Le contre-amiral Edouard JOZAN (1899-1981) commandera, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le groupe des porte-avions et l’aviation embarquée de 1946 à 1948, puis de 1950 à 1952.
En août 1928, l’OE2 BOUGAULT est reconnu comme commandant de la formation. Ouvrons une petite parenthèse sur cet homme : C’est au grade de quartier maître qu’il est breveté pilote (n° 6047 de l’Aéro club de France) sur avion Caudron. Gravissant rapidement les différents grades de la hiérarchie des officiers mariniers, il atteint ensuite le niveau de celui d’officier des Equipages (Il vient alors d’effectuer un raid aérien de 16 000 km au dessus de l’Afrique en compagnie du LV BERNARD, sur hydravion Liore et Olivier H.194). Reconnaissant ses qualités, la Marine lui confie alors le commandement de l’unité (chose rare à l’époque, pour un officier ne faisant pas partie du « Grand Corps »).
Il décèdera accidentellement le 30 juillet 1931 sur avion Bernard HV 120 lors de la préparation de la coupe Schneider. La photo ci-dessous, le montre en 1927 au grade de maître principal, lors d’une remise de décorations par le ministre de la Marine. Le LV BERNARD, décoré ici de la Légion d’honneur par Georges LEYGUES, vient d’accomplir avec BOUGAULT le raid aérien au dessus du continent africain.
En octobre 1929, les avions de l’escadrille sont mis à terre au Maroc non loin d’Agadir, afin de participer aux patrouilles et reconnaissances au dessus des territoires en dissidence, en compagnie d’appareils des 2 autres formations.
En juillet 1930, l’EV1 Louis BONNAUD est reconnu comme commandant de l’escadrille. C’est vers cette époque que celle-ci abandonne son insigne d’origine (commun avec celui des 7S1 et 7B1 – La mouette posée sur une tortue), pour adopter celui de l’hippocampe ailé. De nos jours, la Flottille 11F en est l’héritière.
En mars 1932, du personnel de la formation se rend à ORLY afin d’y réceptionner les nouveaux appareils. Ce sont des Wibault 74. Ce nouvel avion est un monoplan à aile haute, de construction entièrement métallique. D’une longueur de 7, 60 mètres pour une envergure de 10,95 mètres, il peut atteindre 220 km/h avec son moteur « Gnôme-Rhône » de 420 ch. Son armement comprend 2 mitrailleuses VICKERS de 7,7 mm situées à la partie supérieure du capot moteur. Ces appareils sont convoyés à Hyères début avril par leurs pilotes. Après « navalisation » (ajout de crosses d’appontages), ils viennent faire connaissance avec le BEARN à partir du 20 juillet. Les Dewoitine D1C1 quant à eux, sont retirés du service en octobre 1932.
A l’arrière du fuselage d’un WIBAULT 74 (juste après le chiffre 8), remarquer l’insigne à l’hippocampe de l’escadrille.
En octobre 1932, le LV de L’ORZA devient le nouveau commandant. Deux ans plus tard, le LV MATHON lui succède. (À noter que MATHON - Commandant la 3° flottille de bombardement - sera abattu le 8 novembre 1942 aux commandes d’un Glenn-Martin par des Widcat de l’U.S NAVY lors du débarquement allié au Maroc).
Le 17 août 1936 le commandement est assuré par le LV de ROQUEMAUREL. Un an plus tard le LV FERRAN lui succède jusqu’au 1er août 1940.
Stationnée à Lanvéoc-Poulmic depuis octobre 1937, l’escadrille reçoit des Dewoitine 373 courant mai 1938, en remplacement des Wibault.
Ce nouvel appareil pose de nombreux problèmes. Aéronef à ailes non repliables, si sa cellule est assez résistante, son moteur « Gnome-Rhone » par contre est assez rétif. De nombreuses pannes viennent le rappeler et les pilotes sont quelquefois tenus de se poser d’urgence dans les prés environnants …
Notons toutefois, qu’une série à ailes repliables (D.376) lui sera allouée en février 1939.
Le 1er octobre 1938, l’escadrille abandonne sa dénomination de 7C1 et devient AC1.
Le 3 septembre 1939, elle est débarquée du BEARN. Mise à terre, elle se prépare à l’entrée en guerre. Une partie de l’AC1 est envoyée à Calais sous les ordres de FERRAN avec 6 Dewoitine tandis que le restant du personnel va à Nantes réceptionner des Loire Nieuport 401.
Nous retrouverons la formation dans le chapitre consacré à la seconde guerre mondiale…
L’escadrille de bombardement
Le 1er janvier 1928 l’escadrille 7B2, alors entièrement équipée en Levasseur PL.4, prend l’appellation de 7B1 (qui vient d’être libéré par la T10/7B1 et qui pour sa part devient 4B3 en Tunisie). Issu du prototype PL.3, le PL.4 possède une coque étanche et un moteur « Lorraine 12 eb » de 450 CV).
Son commandant (PELLETIER-DOISY) est remplacé en novembre 1928 par le LV Maurice PRIMET qui après 4 mois laisse à son tour la place au LV Edmond BLANC.
Mai 1929 voit l’escadrille en Algérie. Durant juin et octobre elle séjourne comme « ses sœurs » au Maroc.
En juin 1930, de retour d’une croisière à bord du BEARN en Afrique du Nord (commémoration du centenaire de l’Algérie française), la 7B1 stationnée sur le terrain d’Hyères, commence à percevoir un nouveau type d’appareil : le Levasseur PL.7. Cet avion va lui permettre d’assurer pour la première fois les missions de bombardement/torpillage, double rôle dont elle a la charge. Les premiers exercices avec cet appareil débutent en novembre.
La photo du PL.7 montre l’insigne de l’escadrille. Cet emblème crée vers 1932, représente un requin éperonné par un espadon. Il remplace à cette époque celui existant auparavant (avion à ailes de libellule) et ne sera repris par aucune formation de l’Aéronautique navale à l’issue de la seconde guerre mondiale.
Le LV François d’AUTHEVILLE est nommé commandant en mars 1931. Courant mai de cette année là, l’escadrille embarque sur le BEARN avec ses nouveaux appareils afin d’effectuer la croisière vers le Maroc. Un accident endeuille la formation : le 20 du mois au cours d’un exercice dans la région de Kasbah-Tadla, un PL7 se désintègre en vol et les 4 membres d’équipage sont tués. Dès leurs atterrissages à Meknes, les avions sont interdits de vol et l’enquête faisant suite à cet accident, montre que ce dernier est dû à la rupture de la cellule (flambage des mâts de voilure). Les 4 appareils sont alors bloqués au Maroc jusqu’en mars 1932, puis seront convoyés par des équipages, transitant via l’Espagne avec des étapes courtes et régime moteur minimum.
En attendant d’obtenir des appareils modifiés, l’escadrille stationnée à Hyères, assure son entraînement avec des Potez 25 non embarquables. Dès janvier 1932, les premiers PL7 modifiés reviennent et les activités reprennent.
Après celui d’AUTHEVILLE, le commandement est assumé par le LV Rémi DUVAL en avril 1933, le LV Henri ROUSSELOT en octobre 1935, le LV COLAS DES FRANCS en septembre 1937 qui décède lors d’un accident au cours d’un appontage le mois suivant et remplacé par le LV Gérald MESNY, qui lui sera le dernier commandant de l’escadrille.
Le 1er octobre 1938, la 7B1 devient AB1. Toujours armée avec ses PL7, elle espère pouvoir bientôt les remplacer. Le 10 mars 1939, un accident sur cet appareil va endeuiller l’escadrille : pris dans le brouillard, un équipage composé de 3 hommes, s’écrase au sommet d’une colline près de Locronan (Finistère). Il n’y a aucun survivant.
En août 1939, les premiers Vought 156F (version américaine d’exportation du SB2U) sont perçus par l’AB1.
Nous retrouverons l’escadrille dans le chapitre dédié à la deuxième guerre mondiale…
L’escadrille de surveillance
Le 8 septembre 1926, le LV MONTRELAY est nommé à la tête de l’escadrille 7R1 et succède à PECQUEUR.
Le nouveau commandant a l’honneur d’effectuer le 1er accrochage à la mer sur le BEARN le 10 mai aux commandes d’un Gourdou-Leseure 22.
A la fin du mois de juin, la formation reçoit enfin les premiers exemplaires de ses futurs appareils, en l’occurrence les Pierre Levasseur PL.4 (L’escadrille 7B1 vue au dessus, en était également équipée).
Cet appareil est un biplan à ailes repliables motorisé par un « Lorraine 12 eb » de 45O CV. D’une longueur de 9, 60 mètres pour une envergure de 14,6 mètres, il emporte 3 hommes et peut atteindre 180 km/h. Son train d’atterrissage est largable, ce qui lui permet d’amerrir en cas de panne.
A compter du 1er avril 1928, l’escadrille prend la dénomination de 7S1. Le 1er septembre de cette même année, le nouveau commandant est reconnu : il s’agit du LV Henri MOTTEZ (MONTRELAY, quant à lui est nommé à la tête de la Flottille).
Durant la 2eme croisière du BEARN (octobre et novembre 1928), la 7S1 est en Tunisie où elle participe à des exercices interarmes dans les environs de Gabes. Elle collabore également en juin et octobre 1929 aux vols d’intimidation au dessus du Maroc.
En septembre 1930, le LV PERIES est nommé commandant de la 7S1. C’est sous son commandement que les PL.4 sont remplacés fin 1930 par d’autres aéronefs du même constructeur : les PL.10. Ces derniers sont eux aussi remplacés dès 1933 par le type « 101 » en 1933.
Un grave accident endeuille la 7S1 le 12 octobre 1931 : Deux de ses PL.10 s’accrochent lors d’une évolution au dessus de Cuers-Pierrefeu. Les 4 hommes d’équipage y perdront la vie.
Un autre accident se produit en avril 1932 : Lors d’un appontage, l’EV.1 GERVAIS rate son accrochage, tombe à la mer avec son appareil et meurt noyé.
Une des deux photos ci-dessous montre le repêchage du PL.10 de l’EV1 GERVAIS.
Durant le mois de mai, le BEARN étant en Syrie, la 7S1 est mise à terre et participe à de nombreux exercices à Rayak, Damas et Homs.
Novembre 1932, le nouveau commandant est reconnu : Il s’agit du LV Etienne BOIDOT. Très court commandement car il est remplacé en mars 1933 par le LV Pierre CORFMAT.
Au cours du mois d’octobre 1933 les nouveaux appareils destinés à l’escadrille font leurs apparitions. Ce sont des Pierre-Levasseur PL.101 biplans, triplaces. Très peu différents du PL.10, leur armement comprend un lance bombe sous chaque aile et un jumelage de mitrailleuses « LEWIS » de 7,7 mm sur affût mobile au poste arrière.
En novembre 1934, la 7S1 intronise son nouveau commandant, le LV René PERRET.
Consécutivement à l’affectation du BEARN dans l’escadre de l’Atlantique, elle quitte Hyères en octobre 1936 et s’installe provisoirement en compagnie des 2 autres escadrilles à Cherbourg-Querqueville. C’est sur ce terrain qu’en novembre de cette année PERRET va laisser le commandement de l’unité à son remplaçant désigné en la personne du LV Georges HUBER.
Début 1937, l’escadrille est à nouveau endeuillée : Lors de la 11ème croisière du BEARN et au cours d’un vol de présentation au dessus du Sénégal, deux PL.101 s’accrochent en vol. Les 2 appareils s’écrasent au sol et entraînent les 6 membres d’équipage dans la mort.
En octobre 1937, la 7S1 quitte Querqueville et prend ses nouveaux quartiers à Lanvéoc-Poulmic.
Le 1er septembre 1938, le LV Jean LORENZI assume le commandement de la formation et un mois plus tard, la 7S1 change de dénomination et devient AB2.
Le 3 septembre 1939, toujours équipée en PL.101 elle est mise à terre. Chacune de ses sections de 3 appareils reçoit une affectation particulière : La 1ere à Lanvéoc-Poulmic, la 2eme à Château-Bougon (Nantes) et la 3eme à Boulogne sur mer.
Comme pour ses deux « consœurs », nous reparlerons de l’escadrille dans le chapitre relatif à la 2eme guerre mondiale…
La section d’entraînement du BEARN
Cette section voit le jour en juin 1928. N’étant pas élevée au rang d’escadrille, elle n’a pas de commandant et son premier chef reconnu est le LV Jean RAFFIN (les suivants seront : LV Pierre DE L’ORZA en 1931, LV René PERRET en 1932, Pierre de LORZA à nouveau en 1934, LV Pierre CORFMAT en 1936 et enfin le LV Louis BONNAUD de 1938 à septembre 1939).
Faisant partie intégrante de la Flottille du BEARN, les tâches dont elle est chargée, sont d’ordre multiple :
- Elle est en premier lieu, le point de passage obligé de tous les pilotes affectés à l’une des escadrilles du porte-avions. Ces pilotes s’initient alors avec les appareils utilisés en chasse, en bombardement ou en surveillance et subissent l’entraînement aux accrochages.
- Elle est chargée également des liaisons d’Etat-major, des remorquages de manches (pour entraînement au tir en vol des autres escadrilles), et des servitudes diverses.
De 1928 à 1931, parmi ses appareils codés A1, A2, A3… on peut y admirer des FBA 17, des Hanriot HD2, des Dewoitine D1C1, ainsi que des P.L 4 et P.L 5.
A compter de 1931, ses appareils abandonnent la lettre A qui la caractérise et prennent celle de BA (pour BEARN). Dès lors et au fil du temps on peut voir ainsi décorés des Potez 25, des Morane-Saulnier 230 des Dewoitine 373 et 376, des Gourdou-Leseure 432, des Wibault 74 et divers P.L (7, 10, 14, ou 101).
Son insigne représente un canard s’apprêtant à apponter sur une tortue. Celui-ci sera repris après la seconde guerre mondiale par l’escadrille 54S, puis par la 59S.
Le 3 septembre 1939, tout comme les autres formations du P.A, la section est débarquée du BEARN. Toutefois sa destinée est quelque peu différente. Dans l’optique de la prochaine mise en service d’appareils terrestres modernes, il apparaît nécessaire de réentrainer de nombreux pilotes d’hydravions et de les former également à l’utilisation des derniers perfectionnements (Hélices à pas variables, volets d’atterrissage etc…). Elle devient donc le « cours de perfectionnement sur avions modernes ». Comme de bien entendu, ce cours sera dissout lors de l’arrivée des troupes allemandes en juin 1940.
En marge de la flottille, l’escadrille AC2
Ainsi que signalé dans l’historique de la Flottille du BEARN, une nouvelle escadrille de chasse voit le jour le 1er octobre 1938. Elle prend l’appellation d’AC2.
Placée sous l’autorité du LV Albert FOLIOT et équipée de Dewoitine 373 elle fait entièrement partie de la Flottille F1A (nouvelle dénomination de la Flottille du BEARN). Toutefois comme ses pilotes (hormis le commandant et 2 officiers mariniers) sortent tout juste de l’école de chasse, ces derniers doivent alors subir l’entraînement spécifique à l’aviation embarquée.
A cet effet, l’escadrille stationne à Hyères (alors que les escadrilles du BEARN se trouvent à cette époque à Lanvéoc-Poulmic) et elle s’entraîne aux accrochages sur « le « bouchon de champagne ». La mobilisation de septembre 1939 la trouve dans cette position.
Notons que l’escadrille adopte pour insigne, celui du canard Donald Duck portant sur l’épaule un tromblon et arborant un béret de marin français ». Ce symbole, dû à l’imagination du maître pilote DUPONT est confié depuis 1948 à la Flottille 12F, héritière de l’escadrille AC2.