L’exploration

La patrouille maritime

 

 

 

« Regardons l’horizon.

Les marins l’ont visité en conquérants, les escadres l’ont envahi pour vaincre.

Derrière cette limite naissaient les rêves, les flammes d’improbables rivages, et les couleurs des batailles. Visions de grand-hune avant le choc.

Ainsi, comme la portée d’une arme ou la frontière des ambitions, l’horizon devait toujours être repoussé.

Après l’essor des ballons, puis des dirigeables, l’avion devenait l’outil irremplaçable de l’action maritime : voir plus loin, rendre compte, attaquer ….. Pour pactiser entre le ciel et la mer, il faudrait s’envoler depuis le continent, ou un navire, et même flotter !

La mobilité d’un aéroplane a commencé de déplacer l’horizon des croiseurs. »

 

                                                                                   Charles de Gaulle. Mémoires de guerre

 

 

Numérotation des escadrilles d’exploration

 

Le 1er avril 1928, l’appellation "Reconnaissance" disparaît. Celle-ci est désormais scindée en deux parties : L’exploration codée "E" et la surveillance codée "S".

Entre 1928 et 1935, les escadrilles d’exploration sont codées suivant la forme qui a été imposée en 1925, c'est-à-dire une lettre encadrée par des chiffres. En tête, un chiffre désigne la région maritime (1 pour Cherbourg, 3 pour la Provence, 4 pour la Tunisie). La lettre "E" qui vient ensuite, désigne l’exploration. Enfin un chiffre désignant le rang de la formation au sein de la région maritime, s’insère à son tour.

Durant cette période, nous trouvons donc les unités suivantes :

- 1 E1 créée en 1931.

- 1 E2 créée en 1935 (qui sera intégrée au sein de la E2 en novembre).

- 3 E1 (ex BN 301 de mai 1923, 5R1 de mars 1925 et 3R1 de juillet 1927).

- 3 E2 créée en 1931.

- 3 E3 créée en 1933.

- 4 E1 (ex 4R1 de 1927).

 

A partir du 1er août 1935 et du fait de l’arrivée des grands hydravions d’exploration, la répartition géographique qui avait été de mise jusqu’à cette époque est abolie. Les escadrilles agissant dorénavant dans un cadre organique autonome, conservent la lettre "E" pour le type de mission à laquelle est ajoutée un chiffre (pair pour l’Atlantique et impair pour la Méditerranée).

Nous avons donc les formations suivantes :

En Atlantique :

- E2 (ex 1 E1)

- E4 (ex 1 E2) et qui est intégrée à la E2 le 31-10-1935.

- Une deuxième E4 créée en février 1936.

- E8 à Tahiti (qui devient 5S1 le 1-7-39).

En Méditerranée :

- E1 (ex 3 E1).

- E3 (ex 3 E2).

- E5 (ex 3 E3).

- E7 (ex 4 E1).

 

Les prémices de la deuxième guerre mondiale voient naître en 1939 cinq unités supplémentaires :

- E6 créée en janvier.

- E8 avec l’hydravion ACHERNAR militarisé en juillet.

- E9 créée en octobre.

- E10 (ou 10 E) en septembre.

- E11 (ou 11 E) également en septembre.

 

Survol des escadrilles et présentation de leurs appareils

 

1 - L’escadrille 1 E1 / E2

  

Héritière de la 1R1 (ex BN 101) désarmée  le 1er octobre 1927, l’escadrille 1 E1 est activée le 1er octobre 1931 à Cherbourg. Elle est armée en CAMS 55-10 dont les caractéristiques sont les suivantes : Hydravion à coque, biplan, bimoteur (2 "Gnome-Rhône 9Kdr" de 500 CV).

Longueur 14,85 mètres, envergure 20,40 mètres, poids à vide 4800 kg pour 7000 kg en charge.

 

 

Le 1er août 1935, la 1E1 devient E2.

En avril de cette année là, est créée sous la dénomination de 1 E2, une escadrille d’exploration armée en trimoteurs Breguet Bizerte. Redésignée E4 le 1er août, celle-ci est versée puis intégrée au sein de la E2 en novembre 1935.

Le Breguet Bizerte est l’un des appareils les plus représentatifs de la patrouille maritime d’avant la seconde guerre mondiale. C’est un grand hydravion, biplan, trimoteur (Gnome Rhône 14), d’une longueur de 20,48 mètres pour une envergure de 35,11 mètres. Son poids à vide est de 9150 kg pour 16 600 kg à pleine charge. Il emporte 7 hommes d’équipage et possède un  rayon d’action de 2200 km.

Si durant un certain temps les CAMS de l’escadrille ont arboré le symbole de « Pégase sur un nuage et se dirigeant vers une étoile » le Capitaine de Corvette PROTCHE, commandant de la formation  de 1935 à 1937, fait adopter ensuite celui représentant les armes de la ville de Saint Nicolas de Port (Meurthe et Moselle).

 

 

En septembre 1939, l’escadrille est basée à Lanvéoc-Poulmic et assure la protection éloignée ou rapprochée des bâtiments de guerre ou de commerce.

 

2 - L’escadrille 3 E1 / E1

 

Une escadrille crée en 1923 à Saint Raphaël, prend l’appellation de BN301. Elle est équipée tout d’abord en Georges Levy Biche HB2, puis en Blanchard Brd. Cet hydravion Blanchard causant de multiples soucis à ses équipages, ces derniers  le considèrent  comme un loup (du verbe louper). 

Ce sera là l’origine de l’insigne adopté par la formation, et qui représente cette tête de mammifère carnassier. Notons que cet insigne est repris en 1945 par la flottille 8F devenue 28F en 1953.

 

 

La BN301, devient 5R1 en mars 1925 et prend ses nouveaux quartiers à Berre, où elle est renommée 3R1 en 1927. Elle est diversement rééquipée en Latham HB3 (de 1926 à 1930), de Latham 47 (de 1929 à 1930) et de CAMS 55 (de 1929 à 1933). Elle change à nouveau de dénomination en 1928, et se nomme désormais escadrille 3 E1.

 

 

Fin 1932 des Short Calcutta commencent à lui être affectés. En mars 1933,  5 exemplaires sont en service et remplacent les CAMS 55. Ce sont des hydravions à coque, biplans, trimoteurs. Longueur 19,75 mètres, envergure 28,35 mètres. Ils emportent 5 hommes d’équipage et peuvent franchir 1500 km. Ils seront en service dans  l’escadrille jusqu’en octobre 1937.

 

Le 1er août 1935, la 3 E1 devient E1.

Dès avril 1937, des Breguet Bizerte commencent à remplacer peu à peu les Short Calcutta (qui finissent pour leur part leur activité  en octobre).

Juste avant la déclaration de guerre, l’escadrille quitte Berre en août 1939 et s’installe au Maroc sur le terrain de Port Lyautey (Kenitra).

 

3 - L’escadrille 3 E2 / E3

 

La 3 E2 est créée sur la base de Berre en décembre 1931 armée en CAMS 55 (Ces hydravions coexisteront en son sein avec les Breguet Bizerte dont elle sera dotée à partir de mars 1936). Le 1er août 1935 elle est re-numérotée E3. Elle quitte Berre en septembre 1939 et s’installe à Karouba (Tunisie).

C’est à l’EV GIRAUD que  l’on  doit  l’insigne de  l’escadrille,  représentant  un cormoran  sur soleil levant, peint sur les CAMS 55. Ce symbole sera repris après guerre par la flottille 25F (1953-1983).

 

4 - L’escadrille 3 E3 / E5

 

L’escadrille 3 E3 créée à Saint-Raphaël en mai 1933, n’est armée avec trois Latécoère 381 qu’à partir de mars 1934 (Les essais décevants et les nombreuses modifications de ces appareils en retardent la mise en service).

D’une longueur de 18,42 mètres pour une envergure de 31,20 mètres, monoplan, bimoteur ils pouvaient parcourir environ 1600 km.

L’escadrille en perdra un le 25 mai 1934 lors d’un amerrissage forcé au large de la Mauritanie. Les deux autres appareils resteront en service jusqu’en fin 1936, remplacés à cette époque par des Breguet Bizerte.

Elle perçoit également en mars 1934 des CAMS 55 qui eux serviront jusqu’en février 1938.

Entre-temps, la formation est renommée E5 le 1er août 1935.

Armée toujours en Breguet Bizerte, l’escadrille s’installe pour très peu de temps à Berre d’août à octobre 1939. Elle émigre ensuite à Port Lyautey (Kénitra) au Maroc en novembre 1939.

L’insigne sur aéronefs dessiné par l’épouse d’un officier, représente une oie sauvage blanche en piqué dans une flèche de couleur verte.

 

 

5 - L’escadrille 4 E1 / E7

 

Sur la B.A.N de Berre en août 1930 est créée l’escadrille 4 E1. Emigrant à Karouba (Tunisie) en mai 1931, elle est dotée de CAMS 55 qui serviront en son sein jusqu’en fin d’année 1937.

En août 1935, la 4 E1 devient E7.

A compter de 1937,  les CAMS 55  sont remplacés par des  Loire 70. Ce sont des hydravions à coque, monoplans, trimoteurs. Leur envergure est de 30 mètres et ils ont une longueur de 19,50 mètres. D’un poids à vide de 6500 kg, ils atteignent 11 500 kg en charge. Se déplaçant à une vitesse maximale de 235 km/h, ils peuvent franchir une distance de 3000 km. L’équipage compte 8 hommes.

L’insigne de l’escadrille imaginé par le LV MARINIER (commandant de la formation de 1930 à 1931), représente une caravelle à coque rouge. A noter que ce symbole sera repris après guerre par l’escadrille 31S (1946-1964).

 

 

 

6 - L’escadrille E4

 

Le 12 mai 1930 l’hydravion civil Laté.28.3 COMTE DE LA VAULX de l’Aéropostale,  aux mains de Jean MERMOZ, décolle de Saint Louis du Sénégal et après 21 heures de vol se pose à Natal avec 130 kg de fret postal.

Le grand pas est franchi, la traversée de l’Atlantique sud vient d’être réalisée !

Ce raid ayant démontré qu’une telle réussite reposait essentiellement sur la fiabilité des moteurs, l’Aéropostale opte pour le multimoteur et fixe les caractéristiques du futur hydravion capable du voyage Dakar-Natal. Le constructeur SIDAL présente alors une étude du Laté 300. Ce grand hydravion équipé de 4 moteurs termine ses essais en juillet 1933 et le certificat de navigabilité  lui est accordé en août. Il est confié pour essais à l’Aéronautique navale et pris en main par le CC BONNOT et les LV GAUTHIER, EMONT et DURUTHUY. Le commandant BONNOT et son équipage s’envolent de Saint Louis du Sénégal le 3 janvier 1934 sur cet appareil baptisé CROIX DU SUD et se posent le lendemain à Natal  ayant franchi les 3200 km d’océan en 18 heures 50 mn à la vitesse moyenne de 168 km/h.

 

Très intéressée par cet hydravion, dans lequel elle voit un éclaireur de haute mer, la Marine nationale expérimente le Laté 300 au cours du mois de mai 1934 et passe bientôt commande de trois exemplaires d’exploration du type 302, version militaire du CROIX DU SUD. Ces machines de 23 tonnes (N° 1021, 1022 et 1023), quadrimoteurs monoplans d’une longueur de 26, 15 mètres et de 44 mètres d’envergure, volent pour la première fois en février, mars et avril 1936 à Biscarosse. Quelques temps après il sont remis à la Marine nationale qui les baptise GuilbaudCavelier de Cuverville et Mouneyres et qui forme avec eux l’escadrille d’exploration E4.

 

Stationnée à Berre jusqu’en avril 1938, la E4 séjourne à Lanvéoc-Poulmic de mai 1938 à août 1939, période durant laquelle elle perçoit un quatrième appareil (version 301, ex Ville de Santiago réquisitionné  à Air France, et qui prend alors l’appellation De L’Orza) puis est affectée à Dakar. (Il sera capturé par les Allemands en France, à Biscarosse en juillet 1940).

Notons aussi que ces hydravions qui sont employés dans des missions où ils agissent de façon autonome, conduit la Marine à assimiler leurs chefs de bord à celui d’un commandant de bâtiment à la mer. Nommés par décision ministérielle, les officiers choisis pour les commander  le sont pour une durée de un an avec facilité de reconduction.

L’escadrille E4 adopte pour emblème celui du Laté 300 de Jean MERMOZ qui avait été dessiné par un ecclésiastique de l’abbaye de Saint Wandrille. La Flottille 7F/27F en est l’héritière après la seconde guerre mondiale.

   

 

7 - L’escadrille E6

 

L’hydravion lourd de croisière Laté 523 voit le jour selon le même processus que les Laté 302. La firme LATECOERE lance tout d’abord un gros modèle d’hydravions (Laté 521) qui effectue son premier vol en février 1935. Doté de 6 moteurs "Hispano-Suiza" de 860 cv, cet appareil était destiné au transport de passagers civils sur l’Atlantique Nord. D’une envergure de 49,30 mètres et d’une longueur de 31,60 mètres, il fût baptisé LIEUTENANT DE VAISSEAU PARIS. Remis à un équipage de la Marine (CC BONNOT et  JOZAN) le 30 septembre 1935, il servit pour une croisière de démonstration outre Atlantique. L’appareil fût rendu ensuite à sa compagnie, mais après maintes péripéties fût à nouveau militarisé en 1939. Un second appareil (Laté 522) baptisé VILLE DE SAINT PIERRE, accomplit son 1er vol en avril 1938. Destiné lui aussi à l’Atlantique Nord, il sera à son tour militarisé en 1939.

 

Entre-temps, la Marine nationale, intéressée par ce type d’appareil, passe une commande de 3 exemplaires dans la version 523 équipés de moteurs de 900 cv et armés avec 5 mitrailleuses de 7,5 mm et pouvant emporter 8 bombes de 75 kg et 4 de 150. Ces 3 appareils vont s’appeler : ALTAÏR, ALDERABAN et ALGOL et seront affectés à l’escadrille E6 créée en janvier 1939 à Lanvéoc-Poulmic.

L’ALGOL aura une carrière très courte. Le 18 septembre 1939, en panne de carburant, il amerrit en urgence au large d’Ouessant. La tentative de remorquage opérée par le C.T LE BOULONNAIS entraîne un abordage avec l’hydravion qui irrécupérable doit être coulé au canon.

L’ALDERABAN effectue son dernier vol le 22mai 1940. Subissant une période de révision il est immobilisé ensuite à Lanvéoc-Poulmic. Devant l’avancée des troupes allemandes, il est sabordé le 18 juin en rade du Poulmic.

L’ALTAÏR replié sur Biscarosse le 18 juin 1940, rejoint Port Lyautey au Maroc le 19 du même mois. Unique survivant des 3 Laté 523 d’origine, il reçoit alors en renfort le Potez CAMS 141 Antarès et les deux appareils forment l’escadrille 6E  le 1-8-1940. L’ALTAÏR rejoint Berre en septembre 1940. L’ANTARES quant à lui, est affecté à cette date à l’escadrille 4E de Dakar. L’ALTAÏR est à son tour reversé à la 4 E de Dakar en octobre 1940. L’appellation de 6E disparaît alors le 15 octobre.

C’est dans cette dernière affectation de Dakar, que faute de pièces de rechanges, l’ALTAÏR est réformé en août 1942.

Le VILLE DE SAINT PIERRE est rendu à l’aviation civile en mars 1940. Ayant par la suite forcé le blocus de Madagascar et Djibouti, il rejoint Le LIEUTENANT DE VAISSEAU PARIS stocké depuis octobre 1940 à Berre. Tous deux seront détruits lors de la retraite des troupes allemandes en 1944. Pour information l’escadrille n’a jamais eu d’insigne officiel.

 

   

 

8 - L’escadrille E8 de Tahiti (parenthèse exotique)

 

L'officier des Equipages en retraite Pierre GICQUEL a rédigé, en 1986, un récit sur  l’histoire de cette escadrille, formation dans laquelle il avait été affecté en janvier 1938 en tant que pilote d’hydravion et au grade de second maître. J’en ai tiré quelques extraits, que je vous livre ci dessous :

« En 1935, il fut décidé d’installer dans les Etablissements Français d’Outre-Mer, une base d’aviation maritime. Cette base implantée dans l’île de Tahiti à Papeete (dans l’Est du port, au lieu dit « Fare-Uté ») serait armée avec 3 hydravions. Le choix de ces derniers se porta sur des types à coque : deux CAMS 55.1 bimoteurs et un CAMS 37.11 monomoteur.

Le personnel désigné pour l’escadrille arriva sur l’île, par bateau en janvier 1936. Le 1er commandant désigné fut le LV Robert JEANPIERRE. Arrivé par le même bateau, tout le matériel se trouvait en caisses doublées à l’intérieur par du zinc. Dans ces caisses se trouvaient les carlingues, les ailes, les moteurs, les pièces de rechange ainsi que les chariots de CAMS 55, le train de roulage du CAMS 37, une chenillette de remorquage et même un hangar entier (en pièces détachées).

Le personnel a remonté les hydravions. Les Travaux Publics ont monté le hangar, construit le poste des maîtres, le poste Equipage (ces 2 derniers sur pilotis). Furent également construits par eux, la cuisine mixte à tout le personnel et une petite infirmerie. Un slip de mise à l’eau et hissage des hydravions, un appontement d’accostage pour une vedette furent également construits par les Travaux Publics. Une section de soldats de la compagnie d’infanterie coloniale, envoyée par son commandant, tailla des blocs de coraux et construisit un quai tout le long du rivage.

L’activité de l’escadrille était la même que celle d’une escadrille du même type qu’en métropole. Les liaisons se faisaient principalement avec Raïatéa siège de l’administration civile des Iles sous le vent. Peut-on appeler liaisons, les autres  voyages effectués dans les différentes îles ? Cela prenait plutôt l’allure de promenades, qui étaient très appréciées par nous tous. Ainsi j’ai visité : L’île de Mooréa – Raïatéa – Bora Bora – Tahaa – Huanine – Amanu – Kaukura – Fakareva – Hikueru….. Nous étions reçus avec une extrême gentillesse par les habitants. Nous amenions le courrier, des vivres frais (viande, légumes et fruits) et les inévitables touques de rhum qui servaient à la confection des punchs de bienvenue. C’étaient des journées très agréables. Il y avait quelquefois la surprise, quand nous logions chez l’habitant, de trouver le soir un lit garni… »

 

   

 

Le 1er juillet 1939, la E8 change d’appellation, prend celle de 5S1 et devient alors une section (Une escadrille E8 est en voie de création en métropole).  Le 1er janvier 1940, la section redevient escadrille et prend la numérotation de 8S5. C’est donc de cette époque que date la photo ci-dessous.

 

 

La reddition de la France et la signature de l’armistice font l’effet d’un choc parmi les marins aviateurs. Le 1er septembre 1940 les Etablissements Français d’Océanie font allégeance au comité de la France libre à Londres.

Sur les 150 marins de tous grades que compte la Marine à Tahiti, une vingtaine seulement refusent le ralliement et demandent à être renvoyés en France. Ils embarquent alors à destination de Vancouver au Canada le 14 du mois.

A partir de ce moment les activités de l’escadrille reprennent à un rythme à peu près normal. La date du dernier vol se situe aux environs du mois d’octobre 1942, mais durant les quinze années suivantes aucun aéronef arborant les cocardes de l’Aéronautique navale ne stationnera en ces lieux. Lorsqu’il fut décidé de doter l’escadrille E8 d’un insigne, la conception en fut confiée à un quartier maître. Ce dernier réalisa une aquarelle représentant un oiseau des îles (oiseau paradis) survolant l’île de Moorea.

 

9 - L’hypothétique escadrille E8

 

En 1938, la SNCAN issue de la nationalisation de CAMS et Potez, sort le prototype Potez CAMS 141, quadrimoteur de grande reconnaissance de 25 tonnes. Le premier vol est accompli le 21 janvier 1938. En août de cette année là, l’appareil rejoint Saint Raphaël pour y subir les essais officiels. Ces derniers durent tout l’hiver jusqu’à l’acceptation au printemps 1939. L’hydravion prend alors le nom d’ANTARES.

Il est alors prévu de commander d’autres appareils de ce type afin de former une escadrille qui prendrait le nom de E8. Toutefois la commande de ces appareils de série est annulée en 1940 et l’ANTARÈS reste l’unique représentant de la fantomatique escadrille E8.

Il rallie la base de Lanvéoc-Poulmic le 1er août 1939 où il est chargé de surveiller les atterrages ainsi qu’une zone pouvant s’étendre jusqu’à 1000 milles des côtes.

L’appareil est reversé à la E6 à compter du 26 juillet 1940. Il est ensuite affecté à l’escadrille 4E à Dakar le 6 septembre. Il y sera condamné le 19 octobre 1943.

 

 

10 - L’escadrille E9

 

Destinée aux missions d’exploration elle est créée en octobre 1939 sur la base de Berre et armée en hydravions Breguet Bizerte.

Elle devient 9E le 1er août 1940. 

A cette époque elle perçoit trois LeO 247 qui viennent s’ajouter aux trois Breguet Bizerte  qu’elle a en dotation à ce moment-là, ainsi qu’un LeO 246/1 qui lui est affecté le 13 du même mois (ce dernier sera saisi en novembre 1942 par les Allemands. Détruit par des avions alliés au printemps de 1944 sur le lac de Jonage à l’est de Lyon alors qu’il portait les marques de la Luftwaffe).

 

 

En juin 1941 les LeO 247 rallient Dakar et s’intègrent à l’escadrille 4E. Trois Breguet Bizerte viennent alors se rajouter en remplacement au potentiel de la 9E.

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone Sud de la France non occupée. La base de Berre étant investie, l’escadrille est alors dissoute.

L’insigne de la formation représentait 2 galères sur fond de soleil couchant.

 

 

11 - L’escadrille 10E

 

En novembre 1939, la Marine crée cette escadrille armée avec trois Farman 222 transférés de l’Armée de l’Air (jugés complètement obsolètes pour servir au bombardement). Après une période de prise en mains l’unité est mise en place à Goulimine (à 150 km au sud d’Agadir) et depuis ce terrain, les trois Farman effectuent des patrouilles au dessus de l’Atlantique, ainsi que des missions de protection de convois dans l’Atlantique Sud. En mai 1940 l’un des avions est gravement endommagé à Oran et condamné.  Quelques missions de bombardement sont également effectuées par le n° 2 sur la côte ligure en Italie. Après l’armistice, les deux appareils restants sont stockés puis rétrocédés à l’Armée de l’air en 1941.

L’insigne de l’escadrille : C’est probablement en janvier 1940 lors de son affectation en Afrique du Nord, que la 10E adopte pour symbole une "Kouba" (monument élevé sur la tombe d’un marabout) monument sur lequel se penche un palmier. Cet insigne qui figure sur la carlingue d’un FARMAN, n’a pu être reproduit ici.

 

 

12 - L’escadrille 11E

 

En septembre 1939, 3 LeO 470 commerciaux furent militarisés à Marignane. Dès que leur transformation fut achevée ils furent emmenés  à Biscarosse. C’est avec eux que fut constituée l’escadrille 11E. A partir du 15 janvier 1940, la formation entame ses patrouilles au dessus de l’Atlantique et est utilisée conjointement avec les hydravions de la E6 et l’hydravion ANTARES.

Le 30 avril 1940 elle est mutée à Bizerte pour renforcer les moyens de l’escadre de Méditerranée (menaces italiennes). Après l’armistice l’escadrille est chargée de la liaison entre Bizerte et Hyères. C’est lors d’une de ces rotations que le 11.E.2 est descendu par méprise (?) suite à l’attaque d’un chasseur italien. L’appareil coule rapidement et 3 membres d’équipage périssent.

L’escadrille est dissoute le 30 août, ses 2 avions étant alors reversés à l’escadrille 4.E à Dakar.