Le bombardement

 

 

Après avoir obtenu des compétences certaines dans la construction de grands appareils (en particulier le F.50), la firme FARMAN en poursuit l’étude et, en 1918, met en chantier un bombardier biplace bimoteur de 26,50 mètres d’envergure, baptisé Goliath, capable d’emporter plus d’une tonne de bombes. Afin d’affirmer les qualités de cet énorme appareil, FARMAN le lance dans une série de vols d’essais.

L’avion est très bien accueilli par les compagnies commerciales, mais n’en conserve pas moins sa vocation militaire. C’est l’Aéronautique maritime qui, la première, lui porte un grand intérêt.

En 1922, un F.60 muni de deux énormes flotteurs fait ses essais à la mer.

En 1924, deux modèles F.66 sont commandés et expérimentés comme torpilleurs. Les essais, satisfaisants, conduisent la Marine à passer en 1925 deux marchés successifs pour dix-huit F.65 et dix F.65 bis, qui forment deux escadrilles. En 1926 et 1927, quarante et un hydravions torpilleurs F.165 sont réceptionnés.

Le F.168, ultime développement de la cellule de GOLIATH, est produit à environ 200 exemplaires à partir de 1928. Ce sont alors plus d’une douzaine d’escadrilles, sections d’entraînement ou écoles qui sont à divers moments dotées de ce représentant (Biplan, bimoteur, multiplace de torpillage et de bombardement, motorisé par deux « Gnôme-Rhône 9 Akx » de 480 CV – Poids à vide de 4600 kg atteignant 6800 kg à pleine charge – vitesse maxi 170 km/h – distance franchissable 950 km). Il sera utilisé jusqu’en 1935 dans certaines  escadrilles opérationnelles de la Marine.

Les H258 puis 257 bis produits par la firme  LIORE et OLIVIER et qui seront les remplaçants désignés du dit FARMAN, constitueront par la suite l’équipement standard des escadrilles de bombardement lors de la déclaration de guerre en 1939.

 

 

Les escadrilles de la flottille 3FB

 

Le groupe des escadrilles de bombardement regroupant à Berre les escadrilles 3B1 et 3B2, est institué en mai 1928 sous le commandement du Lieutenant de Vaisseau THOMAS. A noter qu’une 3eme escadrille, la 3B3, créée  en septembre 1930 à Saint Raphaël, armée également en Farman Goliath et dissoute en 1933, ne rejoignit jamais ce groupe.

Ce groupe est renommé Flottille de bombardement de la 3° région maritime (3FB) en 1930, puis 1ere flottille de bombardement (F1B) le 1er octobre 1938.

Il est dissout en décembre 1939,  ses 2 escadrilles reprenant alors leur autonomie. (en réalité la 3B1/B1 a été affectée dès septembre de cette année à Port Lyautey au Maroc en laissant la 3B2/B3 à Berre).

 

1 - L'escadrille 3B1

 

Il faut rechercher l’origine de cette formation en octobre 1925 lorsque est créée à Cuers-Pierrefeu une escadrille de bombardement dénommée 5B3, armée en Farman Goliath version terrestre.

Renommée 5B1 en mars 1926, elle déménage de Cuers en janvier 1927 et s’installe sur le terrain de Fréjus Saint Raphaël où ses terrestres sont transformés en hydro (ajouts de flotteurs). Le 1er juillet de cette année, elle change à nouveau de numérotation et devient escadrille 3B1 (1ere escadrille de bombardement de la 3° région maritime).

 

 

En mai 1928, quittant Fréjus elle prend ses quartiers sur la base de Berre, où amatelotée avec la 3B2, toutes deux forment le groupe de bombardement.

Ci-dessous trois photographies permettent d’observer certains détails des Goliath équipant l’escadrille.

       

 

Aux environs du mois de mai 1935, la 3B1 est dotée de nouveaux appareils. Il s’agit de ceux générés par la firme LIORE et OLIVIER : les LeO 258.

Ces hydravions sont des biplans, bimoteur (2 Hispano-Suiza 12 Nbr de 650 CV), d’une longueur de 16 mètres pour une envergure de 25,50 mètres, ils ont un poids à vide de 4800 kg pour 9380 kg à pleine charge. Leur équipage de 4 hommes peut franchir 1800 km sur ces appareils qui volent à une vitesse maximale de 240 km/h.

 

 

Le 1er octobre 1938, l’escadrille change de numérotation et devient B1. Conservant des exemplaires du Le0 258, elle en perçoit d’autres dès janvier de cette année là  en version 257 bis (la seule différence résidant en une motorisation Gnôme-Rhône en étoile à la place des Hispano-Suiza en ligne).

Sous le commandement du LV Jean BEDOS, l’escadrille  émigre à Port Lyautey en septembre 1939, lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Elle sera dissoute en août 1940.

 

2 - L'escadrille 3B2

 

Mai 1923 sur le terrain de Cuers-Pierrefeu voit la naissance d’une formation baptisée B302 destinée au bombardement, commandée par le LV Jacques BOS et armée en Liore et Olivier 7.3. Lent, peu maniable et sous motorisé, ce grand biplan est mis au rang des oubliettes et l’escadrille est dissoute en mars 1924.

 

En mars 1925 toujours sur le terrain de Cuers, l’escadrille est réarmée sous le nom de 5B2 et se voit dotée de Farman Goliath F.65. Elle est commandée par le LV Roger CAMPARDON. Mise à la disposition de l’Aviation du Maroc en vue de son engagement dans  les opérations de la guerre du RIF elle s’envole de Cuers le 26 août.

L'escadrille se pose le lendemain à Casablanca après un voyage de 1800 km. (cet épisode marocain sera relaté dans le dossier opérations extérieures.)

A l’issue de cette mission, le ministre de la Marine écrit le 14 juin 1926 :

«Au moment où la campagne du Maroc arrive à son terme, j’adresse le témoignage de ma satisfaction aux officiers et aux équipages de l’escadrille  qui, s’inspirant des plus belles traditions de la Marine, faisant preuve des plus hautes qualités d’audace, de bravoure et d’endurance, ont rendu des services exceptionnels et ont puissamment contribué au succès des opérations ».

Notons que l’insigne au croissant de lune agrémenté d’une étoile (en souvenir de la campagne) deviendra par la suite le symbole de l’escadrille.

En attendant, celle-ci est à nouveau désarmée en  juillet 1927.

 

 

Sous les ordres du LV Jean Paul TANZI en avril 1928 et armée à nouveau en Goliath (version flotteurs), elle renaît à Berre avec la dénomination de 3B2.

Ci dessous 2 photographies : La 1ere  montre un des appareils en rade de Toulon. La 2eme (dont nous ignorons la date exacte) nous fait voir l’accident survenu à l’un d’eux et où l’on aperçoit à ses côtés le sous-marin MAURICE CALLOT.

 

   

 

De 1935 à 1937 tout comme la 3B1, elle est équipée en LeO 258, puis à compter de mai  1937 de LeO H257 bis.

Comme les autres formations, elle prend une nouvelle numérotation le 1er octobre 1938, et devient alors escadrille B3.

Lors de la déclaration de guerre en 1939, sous les ordres du LV Maurice ECHINARD, elle est toujours stationnée à Berre, terrain sur lequel elle est dissoute en avril 1940 pour renaître un mois plus tard au Maroc toujours sous cette dénomination, mais équipée en Martin 167F.

 

 

Les escadrilles créées à Cherbourg

 

Après la première guerre mondiale, deux escadrilles de bombardement voient le jour à Cherbourg. Il s’agit de la BN 101 qui deviendra  1R1 avant d’être désarmée en 1927, et de la H103 qui au fur et à mesure du temps deviendra 4B3 avant de nous être retirée en 1936 (voir celle-ci dans le dossier réservé aux escadrilles transférées à l’Armée de l’Air).

 

L'escadrilleBN101/1R1

 

La première escadrille de bombardement de la région cherbourgeoise est créée en novembre 1922. Nommée BN101 (B pour bombardement et N pour la nuit), son premier commandant est le LV Benjamin GRABAS.

Elle est alors équipée en Levy HB2 et ce jusqu’en juillet 1925.

Perdant ensuite sa qualification de bombardement de nuit, elle est renommée B101 en novembre 1924, puis devient 1R1 en mars 1925. C’est en juillet 1925 que la formation est dotée de CAMS 33B. C’est sur cet appareil que le commandant d’escadrille, le LV Daniel DAYGRAND trouve la mort lors d’un accident le 11 novembre 1926.

Le 1er octobre 1927, elle est désarmée. La 1ère région maritime la verra renaître sous la dénomination  d’escadrille d’exploration 1E1 en 1931.

 

   

 

Les escadrilles de la flottille 4FB transférées à l’Armée de l’Air en 1936

 

Présente sous une forme latente dès 1925 et s’accentuant durant une dizaine d’années, la polémique opposant la Marine à l’Armée de l’Air va être néfaste au développement de l’Aéronautique navale. Durant cette période cette dernière se verra privée de liberté sur ses crédits qui seront imputés directement au Ministère de l’Air. C’est ainsi que la Marine voit son personnel volant, entrer avec réticences dans une branche sur laquelle pèse la menace d’une scission. A cette époque, l’aviation maritime n’attire que les derniers élèves des écoles, et l’on compte près de trois quarts de réservistes parmi les officiers.

En 1928 le Général DENAIN, ministre de l’Aéronautique, exige de faire appliquer tous les textes et la Marine se voit enlever toute son aéronautique au profit de l’Air. Ce conflit permet à l’Amirauté, de préciser avec fermeté, la volonté de souveraineté de la Marine sur l’Aéronautique embarquée et les hydravions de Croiseurs, qu’elle récupère en 1932, cédant néanmoins en ce qui concerne l’aviation non embarquée, point sur lequel sa conviction  était sans doute moins forte…

Ce n’est qu’en 1936, que la Marine retrouvera la souveraineté totale sur son aéronautique en laissant toutefois à l’Armée de l’Air, 6 escadrilles (trois de chasse et 3 de bombardement), le personnel ayant  pour choix soit de passer dans l’Armée de l’Air avec un grade supplémentaire, soit à s’intégrer dans une autre unité restée "Marine".

Avant d’être récupérées par l’Armée de l’Air, 3 escadrilles de bombardement (dites terrestres) et appartenant à la Marine, sont regroupées et forment en décembre 1928 le Groupe des escadrilles de bombardement de Bizerte. Ce groupement réunissant les 4B1, 4B2 et 4B3, après avoir été renommé Flottille 4FB en 1930 est dissout le 31 décembre 1935.

 

1 - L'escadrille 4B1

 

En décembre 1924 sur le terrain de Cuers-Pierrefeu, une escadrille de torpillage nommée T402 voit le jour.

Armée en Farman Goliath du type 60, le LV Yves AUBERT en est son Commandant.

Destinée à servir en Tunisie, la formation change d’appellation le 1er mars 1925 et devient 6B2 (2ème escadrille de bombardement de la 6ème région maritime). Toutefois et avant de rejoindre son affectation à Karouba (Bizerte), mise à la disposition des troupes françaises lors de la campagne du RIF au Maroc, elle va opérer  durant 7 mois depuis le terrain de Melilla.

A l’issue de cette campagne, l’escadrille rejoint la Tunisie et devient 6B1 le 1er mars 1926 (une escadrille nommée 6R1 et que nous verrons ci-après, prend à ce moment là la numérotation de 6B2).

En juillet 1927, les régions maritimes ayant une nouvelle fois changé de numérotation, l’escadrille abandonne la sienne et devient 4B1 (1ere escadrille de bombardement de la 4ème région maritime).

En janvier 1929 sous le commandement du LV Antoine LAMY, les aéronefs de la formation passent de la version 65 à celle de 168. C’est lors de ce commandement qu’en 1930 l’escadrille effectue le tour de la Méditerranée.

 

 

Le LV Louis PORCHER reconnu au commandement de l’escadrille en mars 1933, sera le dernier du point de vue Marine. Le 12 décembre 1935 le capitaine de l’Armée de l’Air André PILLON lui succède, et la 4B1 devient alors 3° escadrille du groupe de bombardement II/25.

 

2 - L'escadrille 4B2

 

Le LV Pierre LACROIX prend en mai 1924 à Karouba en Tunisie le commandement d’une escadrille armée en Levy HB2,  dénommée B401. L’adjonction du chiffre de la région maritime, la transforme en 6R1 en mars 1925 et ce jusqu’en janvier 1927. Classée comme appartenant au bombardement, elle devient 6B2 le 1er janvier 1927.

 

 

   

 

Les six arrondissements marine passant à quatre, elle est renommée 4B2 le 1er juillet 1927.

Entre-temps l’escadrille abandonne ses Levy HB2 en août 1925 et se voit rééquipée en Farman Goliath (type 60 remplacés en 1927 par ceux du type 65, ces derniers remplacés à leur tour en 1930 par la version 165).

Tout comme la 4B1 elle entreprend en 1930, un voyage autour de la Méditerranée.

Transférée à l’Armée de l’Air, elle devient 4eme escadrille du groupe de bombardement I/25 le 1er janvier 1936, sous les ordres du capitaine René FOURRIER.

 

3 - L'escadrille 4B3

 

En juillet 1927 à Cherbourg l’escadrille de bombardement 1B1 héritière de l’ex 1R2, voit le jour, armée tout d’abord en Farman Goliath 165 puis remplacés en 1930 par la version 168. Désignée pour servir en Tunisie durant l’année 1933, elle stationne à Sidi Ahmed (Bizerte) où elle prend l’appellation de 4B3 le 1er septembre de cette année.

Tout comme ses deux sœurs 4B1 et 4B2, elle est versée à l’Armée de l’Air en fin d’année 1935 et elle devient 1ère escadrille du groupe de bombardement I/25. Notons que son premier commandant « Air » est le capitaine CHASSIN (ex officier de Marine ayant opté pour cette arme) et qui terminera sa carrière en tant qu’officier général.