Les escadrilles de torpillage

 

En date du 12 mai 1931, la circulaire 96 EMG/1 officialise, au sein de l’aéronautique maritime, la lettre T pour le torpillage. Si avant cette époque aucune formation n’a pu prétendre figurer dans ce rôle (les T10 et T402 créées en 1924 puis rapidement réassignées en bombardement en 1925), deux escadrilles aptes à cette fonction voient le jour avant le début de la seconde guerre mondiale.

Le code alphanumérique employé au départ pour ces deux formations est le même que pour les autres types de mission.  Le premier chiffre s’applique à la région maritime, la lettre T qui vient ensuite, symbolise le torpillage, et le chiffre placé en 3ème position cite le rang de l’escadrille. Pour ce code nous ferons néanmoins une petite remarque : La 4T1 de Berre qui à l’origine avait été prévue pour servir en Tunisie, en réalité n’y a jamais été affectée. Conservant par erreur ce classement, la logique aurait voulu qu’elle soit dénommée 3T1…

A partir de 1938, ces deux escadrilles entrent dans le système instauré pour l’Exploration : le numéro de région maritime disparaît, et seule demeure la lettre T suivie d’un numéro (pair pour la Méditerranée et impair pour l’Atlantique). Les T1 et T2 ainsi nommées, sont rejointes lors de l’entrée en guerre par deux autres unités, les T3 et T4 nouvellement formées.

 

En 1930, la SIDAL qui s’était jusque-là spécialisée dans les avions postaux, développe à partir du Laté 28.3 vainqueur de l’Atlantique Sud, un triplace torpilleur : le Latécoère 290. Présentant une silhouette et une structure identiques à celles de son prédécesseur civil, cet appareil est motorisé par un Hispano-Suiza 12Nbr de 650 CV. D’une longueur de 14,65 mètres pour une envergure de 19,25, le prototype décolle pour la première fois au début de 1931. Doté ensuite de 2 flotteurs à Saint Laurent de la Salanque (Pyrénées orientales) il rejoint ensuite Saint Raphaël pour y subir les essais de la Marine nationale. L’Aviation maritime commande alors une série de 30 appareils dont les premiers équipent l’escadrille 4T1 à Berre en juin 1933.

L’armement de cet hydravion torpilleur est constitué par : soit une torpille de 680/700 kg disposée sous le fuselage entre les deux flotteurs, soit deux lance bombes. Sa défense est assurée par une mitrailleuse Vickers synchronisée au dessus du capot moteur et un affût double Lewis de 7,7 mm dans une tourelle située sur le dos du fuselage.

Victime d’un nombre assez élevé d’accidents au cours de ses années de service, il ouvre néanmoins la voie à son brillant successeur, le Latécoère 298.

Ce dernier mis en étude dès 1934, décolle pour la première fois le 8 mai 1936 à Saint Laurent de la Salanque.

Après les essais officiels à Saint Raphaël, une première commande de 36 appareils est faite par la Marine (À noter que 129 exemplaires furent construits entre 1938 et 1942). D’une longueur de 12, 56 mètres pour une envergure de 15,50, il est motorisé par un Hispano-Suiza 12 Ycrs de 880 CV. Equipé des derniers perfectionnements de l’époque, il est doté d’une hélice à pas variable et de volets d’intrados. Son armement est constitué par l’emport d’une torpille de 400 mm ou deux bombes 12 de 150 kg en soute ventrale. La défense est représentée par 2 mitrailleuses Darne de 7,5 mm dans chacune des ailes et une autre du même type sur affût mobile et servie par le 3ème membre de l’équipage.

    

 

Escadrille T1

Elle voit le jour en juin 1933 à Berre, sous le nom de 4T1 et armée comme dit ci-dessus avec des Laté 290. Son premier commandant est le Lieutenant de Vaisseau Henri RUYSSENS. La symbolique retenue pour cette escadrille, et qui figure au début de ce chapitre est en fait la réplique de la marque de sous-vêtements pour enfants « Petit bateau ».

Une comparaison a été faite à l’époque entre les hydravions qui étaient mis à l’eau (ou remis à terre) à l’aide d’un plan incliné appelé « slip » et le sous-vêtement du même nom.

Les Laté 290 sont retirés de l’escadrille en décembre 1938 et remplacés à cette époque par les tous nouveaux Laté 298. Ouvrons néanmoins une petite parenthèse afin de signaler qu’en 1937 un prototype nommé 294 et non commandé en série par la Marine est intégré jusqu’en 1939 au sein de l’escadrille. Cet hydravion motorisé par un Gnôme-Rhône 14 Kdrs de 870 CV, comporte une dérive  entièrement redessinée  et une envergure légèrement plus petite.

    

 

Le LV Robert GIRAUD succède à RUYSSENS à la tête de l’escadrille en août 35, lui-même remplacé en août 1937 par le LV Jules GLAIZOT. C’est durant le commandement de ce dernier que la 4T1 change d’appellation et devient escadrille T1 le 1er octobre 1938.

A partir de janvier 1939, l’escadrille abandonne ses Laté 290 et se rééquipe avec la version 298. Elle en comptera une dizaine en septembre 1939, sous le commandement du LV Bernard CAMBON commandant de l’escadrille depuis le mois d’août de cette année.

    

 

Escadrille T2

Equipée des mêmes hydravions torpilleurs que la 4T1/T1, la 1T1 apparaît en septembre 1934 à Cherbourg, armée en Latécoère 290 et commandée par le LV Raymond LUCAS.  Elle devient T2 en octobre 1938, et se rééquipe à partir de janvier 1939 en Laté 298, sous le commandant du LV Jacques LAMIOT.

A noter que la formation n’a jamais eu d’insigne.