Les porte-avions et

l'aviation embarquée

 

 

 

 

Les porte-avions

 

Après la libération d’une certaine partie du territoire et la réinstallation de l’Etat-major de la Marine à Paris, ce dernier insiste auprès du gouvernement provisoire de l’époque afin d’obtenir un porte-avions.

En septembre 1944 si les Allemands sont proches de la défaite, il n’en est pas de même en Extrême-Orient où les Japonais tiennent encore la « dragée haute » aux Britanniques et  aux Américains.

L’amiral LEMONNIER informe alors les Alliés qu’il peut envoyer sur ce théâtre d’opérations, une Task Force composée du Cuirassé RICHELIEU, de 4 Croiseurs, de 4 Croiseurs légers, d’Escorteurs et de quelques sous-marins. A ce dispositif il manquerait un porte-avions...

Les Américains rétorquent qu’ils n’ont rien de disponible à ce sujet et nous conseillent de nous adresser aux Britanniques.

Après de longues tergiversations, le « Combined Chiefs of Staff » (commandement suprême interallié) accepte de nous céder le BITER avec toutefois comme restriction que la France assume par ses propres moyens la remise en état de ce bâtiment. Le pavillon français est arboré sur ce porte-aéronefs, rebaptisé DIXMUDE, le 9 avril 1945.

A la fin de la seconde guerre mondiale, la Marine française ne possède donc que ce porte avions, en notant toutefois que ce dernier qui n’est pas encore remis tout à fait en état ne peut être utilisé que comme transport.

Entre-temps  en France, diverses études sont ouvertes et proposent de transformer en ce type de bâtiment le Cuirassé JEAN BART ainsi que les Croiseurs TOURVILLE et DUQUESNE. Mais ces travaux étant jugés trop onéreux, de même que la mise en chantier d’un bâtiment neuf, l’Etat Major se tourne à nouveau vers la Grande Bretagne. Les Britanniques accèdent à la demande française en février 1946 et leur COLOSSUS nous est alors prêté pour une durée de cinq ans. Ce prêt se transforme un peu plus tard en un rachat français, et l’ex COLOSSUS sous couleurs françaises prend le nom d’ARROMANCHES.

Faute de moyens financiers et techniques, aucun plan de reconstruction de la Flotte n’aboutit durant une dizaine d’années et la France s’adresse aux Etats-Unis afin que ces derniers nous livrent du matériel. Cette demande sera honorée au titre du PAM (programme d’aide mutuelle) avec le transfert en 1949 de 6 nouveaux destroyers d’escorte, de dragueurs de mines et d’une bonne centaine d’aéronefs. La Marine française insiste alors à nouveau afin d’obtenir le transfert d’un ou plusieurs porte-avions, transfert qui après beaucoup de réticences américaines sera agréé en février 1950, par le prêt de 2 bâtiments : le LANGLEY qui passant sous pavillon français le 2 juin 1950 prend le nom de LA FAYETTE, puis le BELLEAU WOOD qui rebaptisé BOIS-BELLEAU nous est remis le 5 septembre 1953.

Nous allons ci-dessous, retracer l’historique des ces quatre bâtiments.

 

Le DIXMUDE

 

Mis sur cale en tant que cargo, il est lancé le 18 décembre 1940 sous le nom de RIO PARANA, à Chester en Pennsylvanie. Un an plus tard, cette coque est remorquée à Brooklyn afin d’être transformée en porte-avions.

Armé en mai 1942, il est confié à la Royal Navy (dans le cadre du Prêt-bail)  et cette dernière le baptise BITER.

Il participe alors à l’opération Torch (débarquement allié en Afrique du nord), continue sa carrière en 1943/1944 dans la bataille de l’Atlantique, puis mis en réserve en janvier 1945 au fond de la Clyde.

C’est là que la Marine française vient le récupérer. Après divers travaux de remise en état il passe sous pavillon tricolore le 9 avril 1945, date à laquelle il est rebaptisé DIXMUDE.

Toutefois durant près d’un an et demi, il ne va être utilisé qu’en tant que transport et principalement vers l’Afrique du Nord.

Après avoir subi une remise à niveau de ses installations, il est enfin aménagé en véritable porte-avions au début de l’année1947 et va pouvoir ainsi participer aux campagnes en Indochine.*

*Dans le futur chapitre consacré à l’Indochine, les missions des flottilles seront expliquées.

 

La première de ces campagnes se déroule de février à mai 1947, le DIXMUDE ayant à son bord la flottille 3F armée en SBD Dauntless.

Dès septembre 1947, le porte-avions en compagnie de la flottille 4F armée elle aussi en Dauntless, est engagé dans une deuxième mission en Extrême-Orient. Cette dernière  va durer jusqu’en mai 1948.

Ces deux campagnes lointaines ont mis en évidence le lourd handicap lié à ce bâtiment : En premier lieu sa grande lenteur l’oblige à être tributaire du vent pour mettre en action ses aéronefs, et enfin il ne possède qu’un seul et unique ascenseur pour relier le hangar et le pont d’envol. A partir de ce moment il n’est plus utilisé qu’en tant que transport d’aviation (entre la métropole, l’Indochine, l’Afrique du Nord, l’Inde ou les Etats-Unis), rôle qu’il assume jusqu’en 1959 année de sa mise en réserve. (A la suite de ce reclassement  dans la catégorie transport, son artillerie est enlevée du bord en 1952).

Amarré devant l’école des apprentis mécaniciens de Saint Mandrier, il est utilisé alors comme bâtiment-base du corps amphibie. Il est restitué aux USA le 10 juin 1966 et ces derniers le destinent à servir de cible pour la 6ème flotte.

Ses caractéristiques :

 

Déplacement Longueur Largeur Pont d'envol Machines Vitesse
17 000 tonnes

(en 1954)

150 m 20 m Longueur : 134 m

Largeur : 20 m

1 catapulte

2 Diesel Doxford

1 ligne d'arbre

15 noeuds

 

Autre caractéristique : Les 30 cuves à vin de ce porte-avions contenaient 11 000 litres du divin breuvage, et 13 000 autres litres étaient répartis en fûts de 250 litres. Cette capacité en "cambusard", ainsi qu’on  peut l’imaginer, soutenait le moral de l’Equipage...

 

  

 

 

L'ARROMANCHES (R 95)

 

Mis en chantier en juin 1942 à Newcastle on Tyne en Grande Bretagne, le HMS COLOSSUS est achevé en décembre 1944. Sous couleurs britanniques il participe d’avril 1945 à juillet 1946, à une campagne qui le mène en Egypte, en Extrême orient, en Australie, en Afrique du Sud puis aux Indes.

Les possibilités limitées du DIXMUDE, poussent la Marine française à s’adjoindre un véritable porte-avions. C’est ainsi qu’elle obtient des Britanniques le prêt du COLOSSUS pour une durée de cinq ans. Le bâtiment est transféré le 6 août 1946 et entre en rade des vignettes à Toulon le 19 septembre. Edouard JOZAN (officier dont nous avions parlé dans le chapitre relatif au BÉARN et à ses escadrilles) y a hissé sa marque en tant qu’Amiral commandant le groupe des porte-avions et de l’aviation embarquée.

En mars 1947, le COLOSSUS est rebaptisé ARROMANCHES.

L’aviation embarquée qui se compose à l’époque des flottilles 1F, 3F et 4F ainsi que de l’escadrille 54S, commence alors son entraînement et en fin d’année 1947 le bilan s’établit à près de 650 appontages ainsi que la qualification de 34 nouveaux pilotes certifiés porte-avions.

Après divers exercices et entraînements en Méditerranée et en Atlantique, l’ARROMANCHES s’apprête à effectuer sa première campagne en Indochine. Celle-ci va se dérouler d’octobre 1948 à janvier 1949, la flottille 4F et ses SBD Dauntless étant embarquée à bord du P.A, ainsi que deux Seafire. Le bilan de cette campagne se chiffre à 152 sorties en 255 heures de vol, au dessus de la Cochinchine, de l’Annam et du Tonkin.

De retour en Métropole, l’ARROMANCHES reprend ensuite ses entraînements au sein de l’escadre de février 1949 à fin août 1951.

En 1950 les Britanniques prolongent le prêt du bâtiment jusqu’en août 1951, et à cette échéance ce dernier est racheté par la France, le 4 de ce mois.

Trois autres campagnes vont être ensuite effectuées en Indochine :

La première se déroule de septembre 1951 à juin 1952, où accompagné du MALIN, l’ARROMANCHES emporte sur son bord la flottille 1F équipée en F6F5 Hellcat, la 3F en SB2C-5 Helldiver et un hélicoptère S-51 de l’escadrille 58S. Les premières missions se déroulent en Annam du 28 septembre au 13 octobre 1951, puis au Tonkin du 14 au 21 octobre, en Annam à nouveau du 6 au 11 novembre, au Tonkin du 14 novembre 1951 au 9 janvier 1952. Après un séjour au bassin à Singapour du 16 janvier au 20 février, il reprend ses missions en Cochinchine, en Annam et au Tonkin du 23 février au 18 mai. Un très grave accident se produit le 14 avril 1952, lors de la présentation à l’appontage de douze appareils. Le pilote d’un Hellcat, posant son appareil un peu trop rapidement, passe au dessus de la barrière, fauche tout sur son passage  et vient s’écraser sur les appareils déjà parqués à l’avant. Bilan : 5 morts, de nombreux blessés et cinq avions irréparables.

Le porte-avions fait ensuite retour à Toulon le 13 juin.

Trois mois plus tard, l’ARROMANCHES repart vers l’Extrême-orient, et assure une nouvelle campagne entre septembre 1952 et mars 1953 en compagnie des flottilles 9F sur SB2C-5 Helldiver et 12F sur F6F Hellcat. Deux hélicoptères S.51 de la 58S font également partie du voyage. A l’issue de cette campagne, le porte-avions rejoint alors la France, mais laisse ses 2 flottilles en Indochine qui seront récupérées ultérieurement par le LA FAYETTE.

La dernière campagne se déroule de septembre 1953 à septembre 1954 avec sur le bord, la 3F dotée en Helldiver et la 1F/11F armée en Hellcat. C’est durant cette dernière et dure période que sous le feu de la DCA Vietminh, les deux flottilles sont engagées  au dessus de la cuvette de Dien Bien Phu. Afin de raccourcir le trajet, les 2 formations sont mises à terre et basées respectivement à Cat-Bi pour la 11F et à Bach-Maï pour la 3F. Pour ne citer  qu’une de ces interventions rappelons celle-ci : En mars, le camp retranché de Dien Bien Phu est devenu un enfer sous le feu de l’artillerie ennemie. Le général vietnamien, Giap, a lancé une très grande offensive qui a pris de court les défenseurs et les points d’appui sont peu à peu investis par les Bo-Doïs. Le 23 avril, le colonel De Castries ordonne de reprendre « Huguette 1 » des mains du Vietminh. C’est un échec malgré l’intervention des aéronefs de la 3 et de la 11F. C’est durant cette opération, que le Hellcat du LV Bernard KLOTZ est touché par la DCA et ce dernier, obligé de sauter en parachute, tombe en pleine bagarre. Grâce aux légionnaires de la 13ème DBLE, il est ramené en sécurité dans les lignes amies, mais il fera partie des prisonniers lors de la chute du camp retranché.

Durant cette période du 13 mars au 7 mai 1954 pendant laquelle les pilotes de l’aviation embarquée se sont sacrifiés pour sauver Dien Bien Phu, citons la mort des LV  DOE de MAINDREVILLE (11F), de LESPINAS (11F),  ANDRIEUX (Commandant de la 3F et surnommé « le Nhac ») de l’EV LAUGIER (3F) et du SM ROBERT (11F). Bien qu’ils ne fassent pas partie de l’aviation embarquée, nous n’oublierons pas dans ce sacrifice, les équipages de la 28F sur Privateer qui ont également participé à ces opérations au dessus de la cuvette et au cours  desquelles deux de leurs appareils furent abattus, entraînant dans la mort dix-huit membres d’équipage.

L’ARROMANCHES est de retour à Toulon le 19 septembre 1954 où il entre au bassin.

L’année 1955 et une partie de 1956 se passent en exercices en Méditerranée (Provence, Tunisie) ou en Atlantique avec escales à Lisbonne, Casablanca, Dakar, Conakry etc...

La nationalisation du canal de Suez proclamée en juillet 1956 par le colonel égyptien Gamad Abdel Nasser, va emmener la France, la Grande Bretagne et Israël à intervenir. L’ARROMANCHES avec sur son bord 10 TBM de la 9F et 14 F4U7 Corsair de la 14F, participe à cette intervention en compagnie du LA FAYETTE qui de son côté a embarqué 4 Corsair de la 14F et 22 Corsair de la 15F.

Inutile de relater ici cette « affaire de Suez » qui voit la victoire franco-britannique stoppée net par les interventions politiques des USA et les menaces de l’URSS.

De mai 1957 à juillet 1958, l'ARROMANCHES est en grande refonte et l’installation de la piste oblique est la plus spectaculaire de ses tranformations.

Divers exercices et sorties émaillent ensuite sa vie et à compter de 1965 il est utilisé le plus souvent en porte-hélicoptères (en association avec la flottille d’hélicoptères d’assaut 33F et le GROUFUMACO). Toutefois, le bâtiment garde sa capacité de porte-avions, notamment pour l’école d’appontage.  La dernière rentrée des couleurs a lieu le 22 janvier 1974. La coque est rachetée en 1977 par une société d’Aubagne, qui va la dépecer ensuite durant deux ans aux chantiers de Brégaillon à Toulon.

 

Les caractéristiques de l’ARROMANCHES :

 

Déplacement Longueur Largeur Machines Vitesse
18 500 tonnes

(en 1959)

211 m 39 m 2 chaudières

4 turbines

2 lignes d'arbre

23 noeuds

 

     

 

 

Le LA FAYETTE (R 96)

 

En mars 1942, les Etats-Unis lancent aux chantiers de Kearny dans le New-Jersey, la commande d’un porte-avions léger.

Mis sur cale le 11 avril 1942 sous le nom de CROWN POINT, il est rebaptisé LANGLEY en novembre.

Lancé le 22 mai 1943, il est incorporé au sein de la Task Force 58, de la 38, puis à nouveau de la 58. Ces Task Force opérant lors de la bataille du Pacifique contre les Japonais.

De retour à Philadelphie en janvier 1946 il est placé en réserve et désarmé le 11 février 1947.

L’accord de sa cession à la France est signé le 27 février 1950, sa remise en état débute en janvier 1951, il passe sous pavillon français le 2 juin 1951 et il est alors rebaptisé LA FAYETTE.

Après divers exercices au large des Etats-Unis avec sur son bord les Hellcat de la 12F et les Avenger de la 4F (emmenés par le DIXMUDE), il arrive à Toulon le 14 septembre. Divers exercices  ou entraînements le font par la suite naviguer en Méditerranée, et le conduisent même aux USA en novembre et décembre (période durant laquelle il subit début décembre une terrible tempête au large des Bermudes qui lui occasionne de gros dégâts : ascenseur arrière endommagé, soute à bombes noyée, cheminée avant enfoncée etc…).

Remis en état à Toulon (qu’il avait rallié la veille de Noël), il peut ensuite reprendre la mer le 26 janvier 1953.

En mars 1953, le porte-avions ARROMANCHES ainsi que nous l’avons vu plus haut, avait laissé en Indochine ses deux flottilles, 9F et 12F. Le LAFAYETTE étant chargé de les récupérer, ce dernier va alors effectuer une première campagne en Extrême-Orient de mars à juin 1953. Les 2 formations rallient le 12 avril au large du Tonkin et opèrent depuis son bord jusqu’au 18 mai, jour durant lequel la croix de guerre TOE leur est décernée. Le porte-avions et ses 2 flottilles arrivent ensuite à Toulon le 10 juin.

Après quelques sorties en Méditerranée, le LA FAYETTE entre en carénage de février à septembre 1954, puis reprend ses exercices jusqu’en avril 1955.

Deux autres campagnes en Indochine vont ensuite se dérouler :

La première, qui dure d’avril à juillet 1955, est destinée à couvrir les opérations d’évacuation du Tonkin. A cet effet, une vingtaine de Corsair de la 12F, 4 SB2C et 2 hélicoptères HUP2 font partie du voyage. Cette mission terminée, le porte-avions repart pour la métropole le 11 juin, après avoir embarqué la 14F du BOIS BELLEAU mais en laissant la 12F sur place.

Sa dernière campagne indochinoise se déroule de janvier à juin 1956 où en compagnie des Corsair de la 15F, il arrive à Saïgon le 11 février. Durant cette mission il est sous les ordres des FNEO (Forces navales en Extrême-Orient) jusqu’à la dissolution de celles-ci le 26 avril et il participe à divers exercices avec les forces britanniques. Il est de retour à Toulon le 3 juin, ramenant d’Indochine son groupe arien, l’escadrille 8S et ses Grumman Goose, des Morane 500, une centaine de passagers et de nombreuses caisses de matériel. La présence française en Indochine se termine.

Tout comme l’ARROMANCHES, le LA FAYETTE  participe ensuite à l’expédition de Suez avec sur son bord 22 F4U-7 Corsair des 14F et 15F ainsi que 2 HUP2 de l’escadrille 23S. Les attaques menées par notre Aéronautique navale lors de cette expédition, s’effectuent en majeure partie sur les aérodromes égyptiens  de Dekheila (Alexandrie), Almaza (Le Caire) ainsi que sur les convois de véhicules militaires. Les aéronefs sont également mis en œuvre afin de protéger les parachutages sur Port Fouad, opération au terme de laquelle le commandant du 2° RCP, remerciant les marins leur déclare : « Sans l’appui de vos Corsair, je n’aurai jamais pu tenir ».

Le cessez le feu intervient le 6 novembre, et après quelques ronds dans l’eau le long des côtes égyptiennes, le PA rentre à Toulon le 8 décembre.

Les années suivantes, le LA FAYETTE poursuit ses sorties et entraînements soit en Méditerranée soit en Atlantique. En 1962 il entame de juin à juillet une série de rotations entre la France et l’Afrique du Nord afin de participer au rapatriement des personnes civiles qui s’enfuient d’Algérie, suite à la proclamation d’indépendance de ce pays le 3 juillet. Plus de 10 000 Français vont être ainsi rapatriés par ses soins.

Le porte-avions est retiré du service actif le 1er janvier 1963. Ramené aux USA, il est rendu aux Américains le 20 mars de cette même année, et ces derniers le démantèleront en 1964.

 

Les caractéristiques du LA FAYETTE :

Coque type Cleveland surmontée d’une superstructure supportant le pont d'envol.

 

Déplacement Longueur Largeur Pont d'envol Machines Vitesse
16 300 tonnes 190 m 33,50 m Longueur : 160 m

Largeur : 21 m

4 chaudières

12 turbines

(croisière, BP et HP)

4 arbres d'hélices

29 noeuds

 

     

 

 

Le BOIS BELLEAU (R 97)

 

Mis en chantier le 11 août 1941 en tant que croiseur léger nommé NEW HAVEN, les USA décident en février 1942 de terminer sa construction en tant que porte-avions. Il est donc rebaptisé BELLEAU WOOD et lancé le 6 décembre 1942. Dés son entrée en service, il opère dans le Pacifique au sein des Task Force 11, puis 15, 50, 58 etc…

Durant ses opérations de guerre, le porte-avions et son groupe aérien acquièrent un palmarès des plus élogieux : Plus de 500 avions abattus, une cinquantaine de navires coulés et plus  de 80 autres gravement endommagés.

Mis en réserve à Alameda le 13 janvier 1947, il est ensuite transféré à la France le 5 septembre 1953 à San Francisco et rebaptisé BOIS BELLEAU. Après entraînement dans le Pacifique  puis en Atlantique, il entre à Toulon le 23 décembre.

Il part pour l’Extrême orient le 7 avril 1954 en compagnie de l’escorteur Tunisien, avec sur son bord des Hellcat, des Helldiver, Morane 500 (tous ces aéronefs comme appareils de rechanges en Indochine), ainsi qu’une trentaine d’avions Ouragan destinés à l’Inde et que le porte-avions délivre à ce pays le 19. Arrivé en Indochine le 30, il  va de concert avec l’ ARROMANCHES encore sur les lieux, participer aux derniers jours de la bataille de Dien Bien Phu, en embarquant des aéronefs de la 3F. Effectuant ensuite diverses rotations avec de temps à autre des Hellcat de la 11F ou des SB2C de la 3F, il effectue entre le 14 et le 29 août l’embarquement et le transfert du nord vers le sud de l’Indochine d’environ 5000 personnes civiles. A compter du 1er octobre la 14F armée en Corsair AU1 est affectée sur son bord (les 3F et 11F ont été rapatriées entre temps en Métropole à bord du DIXMUDE). Effectuant ensuite quelques autres transferts du nord vers le sud de personnes civiles, il est à Manille du 10 au 12 décembre afin de restituer aux Américains les aéronefs qui avaient été prêtés pour la 14F. Divers exercices, entraînements ou surveillances dans les eaux indochinoises se déroulent par la suite. La 12F étant revenue entre temps en Indochine (cette fois ci avec des FAU7 Corsair), cette dernière embarque à son bord le 5 juin et c’est avec cette flottille que le P.A termine cette campagne le 14 novembre 1955 pour arriver à Toulon le 16 décembre.

Après son arrivée en Métropole, il entre en carénage de janvier à novembre 1956 et suite à ses essais il est alors intégré dans l’escadre de Méditerranée. Durant les mois de février et mars 1958 avec son groupe aérien (14 et 15F) il participe à des missions en Algérie (Grande Kabylie et Ouarsenis).

Affecté le 1er septembre 1959 en 2ème région maritime,  il devient transport d’avions entre Brest et les Etats-Unis. Revenu à Toulon le 30 juin 1960, il quitte définitivement le 23 août ce port militaire du Levant et part pour Philadelphie où il est restitué aux USA le 12 septembre. Ces derniers le démantèlent en 1961-1962.

Les caractéristiques du BOIS BELLEAU sont à peu de choses près, similaires à celles du LA FAYETTE.

 

     

 

 

L’aviation embarquée

 

Les formations :

 

Désignation

Date de création

Remarques

Aéronefs

Flottille 1F/11F

1-10-1945

dissoute en 4-1962

recréée en 4-1963

Seafire (jusqu’en mars 50)

Hellcat (avr 50 - jan 55)

Aquilon (avr 55 - avr 62)

Etendard IV M (depuis avr 63)

Flottille 3F

15-7-1944

dissoute en 8-1948

recréée en 5-1950

dissoute en 12-1954

SBD Dauntless (jusqu’en août 48)

SB2C Helldiver (mai 50 - dec 54)

Flottille 4F

15-6-1944

 

SBD Dauntless (jusqu’en nov 49)

SB2C Helldiver (avr 49 - mai51)

TBM Avenger (sept 51 - fev 60)

Br.Alizé (depuis fev 60)

Flottille 6F

Créée en 1943

en tant que flottille d’exploration

N’intègre l’Aviation embarquée qu’en 1952

TBM Avenger (mars 52 - sept 59)

Br.Alizé (depuis sept 59)

Flottille 9F

 

Créée en 12-1942

sous le nom de 4S

devient 9F

en janvier 1946

N’intègre l’Aviation embarquée qu’en 1951

SB2C Helldiver (avr 51 - août 53)

TBM Avenger (sept 53 - oct 60)

Br.Alizé (depuis oct 60)

Flottille 12F

1-8-1948

 

Seafire août 48 - mars 50)

Hellcat (avr 50 - juin 53)

Corsair (juin 53 - août 63)

Flottille 14F

15-1-1953

 

Corsair (jan 53 - oct 64)

Flottille 15F

15-10-1953

 

Corsair (oct 53 - fev 62)

Etendard IV M (juin 62 - jan 69)

Flottille 16F

3-1-1955

 

Aquilon (jan 55- avr 64)

Flottille 17F

15-4-1958

 

Corsair (avr 58 - avr 62)

Etendard IV M (depuis avr 62)

Escadrille 54S

(Ecole d’aviation embarquée).

1-10-1946

 

Au fil du temps : Spitfire - Seafire - Dauntless - SNJ - Hellcat - Helldiver - TBM Avenger - Aquilon - MD 312 etc...

Escadrille 59S

(Ecole de chasse tous temps).

1-2-1956

 

Au fil du temps : Hellcat - SO 94 - Aquilon - Fouga Zéphyr.

 

 

Les aéronefs :

 

Seafire (version navalisée du Spitfire) :

En janvier 1945, l’Aéronautique Navale passe une première commande de 20 Spitfire MK.V à la RAF. Une deuxième commande de 20 Spitfire MK.IX est passée en août et tous ces aéronefs sont destinés dans un premier temps à la formation à terre des pilotes de chasse embarquée.

Suite à un accord signé le 12 novembre 1945 entre la France et la Grande Bretagne, cette dernière nous livre une quinzaine de Seafire MK.III venant d’Italie et ayant équipé auparavant une escadrille polonaise. Par la suite, l’Aéronautique navale reçoit d’autres Spitfire en provenance de l’Armée de l’Air ainsi que 6 autres Seafire MK.III provenant de Grande Bretagne. La plupart de ces chasseurs vont alors être affectés à la flottille 1F.

Un peu plus tard, en vue de la création de la 12F, la Marine française passe une nouvelle commande et obtient la livraison de 65 autres MK.III. Tous ces avions sont alors répartis en quantités différentes dans les flottilles 1F et 12F, ainsi que dans les escadrilles 1S, 3S, 4S, 10S et 54S.

Suite à de nombreux accidents, la Marine se décide en 1948 à passer une commande de 15 Seafire MK.XV et ces derniers sont livrés en juin 1949. Toutefois, ces appareils ne sont destinés qu’à faire la « soudure » en attendant la livraison d’avions américains beaucoup plus modernes.

 

Voici les caractéristiques des Seafire livrés à l’Aéronautique navale :

Chasseur embarqué monoplace, monomoteur, à ailes repliables, construction métallique dont 2 versions  (MK.III et MK.XV) ont été livrées à la Marine française.

 

  Moteur Longueur Envergure Poids Vitesse Armement
Seafire

MK.III

Rolls-Royce Merlin

1600 CV

9,21 m 11,23 m 2400 kg à vide

3200 kg pleine charge

600 km/h 2 canons de 20 mm

4 mitrailleuses de 7,65 mm

Seafire

MK.XV

Griffon VI

1840 CV

9,70 m 11,23 m 2858 kg à vide

4100 kg pleine charge

650 km/h 2 canons de 20 mm

4 mitrailleuses de 7,65 mm

Equipements : Une caméra d’aile - VHF et IFF pour la radiotéléphonie.

 

      

 

 

 

 

 

SBD Dauntless :

54 de ces appareils utilisés comme bombardiers en piqué et que nous avons présenté dans un chapitre précédent, ont été livrés à l’Aéronautique navale. Retirés du service en 1949, après l’accident mortel le 12 juin du LV Michel ROLLIN, Commandant de la 4F.

Ci-dessous, une autre vue de cet appareil :

 

 

Hellcat :

Le chasseur Grumman F6F effectue son premier vol le 26 juin 1942. Le F6F.3, sa version de série, arme dès la moitié de l'année 1943 tous les porte-avions américains type Indépendance et Essex. La version F6F5  (moteur amélioré) remplace en 1944 la précédente et ce dernier modèle devient alors le principal chasseur embarqué sur P.A.

Les F6F5 sont livrés à la France dès 1950 et transportés par le DIXMUDE qui les avait chargé aux USA.

Les 140 appareils livrés (en plusieurs fois) équipent  tout d’abord les flottilles 1F/11F et 12F. Les escadrilles 3, 15, 54, 57 et 59S en perçoivent également.

 

Caractéristiques de cet appareil :

 

  Moteur Longueur Envergure Poids Vitesse Armement

Hellcat

F6F5

(Ailes repliables)

Pratt & Whitney

R-2800 (2000CV)

10,23 m 13,08 m 4170 kg à vide

5670 kg pleine charge

640 km/h

Plafond

11 000 m

6 mitrailleuses de 12,7 mm

2 bombes de 454 kg

(ou 3 bombes de 227 kg)

 

   

 

Helldiver :

Destiné à remplacer le SBD Dauntless, le prototype du Helldiver vole pour la première fois en décembre 1940. Utilisés lors des diverses batailles dans le Pacifique, ce bombardier en piqué est affecté dans les unités embarquées américaines, sur les porte-avions du type Essex à compter de novembre 1943.

Une version SB2C-5 vient par la suite, et c’est cette dernière qui sera livrée à l’Aéronautique navale française à partir de 1950. Les flottilles 3F, 4F et 9F en seront équipées, ainsi que les escadrilles 1S/2S, 3S, 10S et 54S.

 

Les caractéristiques du Curtiss SB2C Helldiver, sont les suivantes :

 

  Moteur Longueur Envergure Poids Vitesse Armement

Helldiver SB2C

(Ailes repliables)

Wright R.2600

(1950 CV)

10,90 m 11,15 m 4870 kg à vide

7470 kg pleine charge

470 km/h 2 canons de 20 mm

2 mitrailleuses de 7,7 mm

8 roquettes

ou 900 kg de bombes

 

     

 

Avenger :

Bombardier torpilleur construit par Grumman, cet avion sert pour la première fois lors de la bataille de Midway dans le Pacifique. L’Aéronautique navale française les utilise à partir de 1951 et ces derniers selon les versions (53, 3WW, UT, 3S2, 57 ou 3 E) sont affectés au sein des flottilles 4F, 6F et 9F, ainsi que dans les escadrilles, 3S, 5S, 10S, 15S, 54S et 56S.

 

Caractéristiques du modèle 3W :

 

  Moteur Longueur Envergure Poids Vitesse Armement

Avenger 3W

Wright R.2600

(1900 CV)

12,19 m 16,51 m 4900 kg à vide

7600 kg pleine charge

430 km/h 3 mitrailleuses de 12,7 mm

1 mitrailleuse de 7,7 mm

1 torpille

ou 900 kg de bombes

 

        

 

 

 

Corsair F4U-7 et AU1 :

Véritable « bête de guerre » le chasseur monoplace à hélice Chance-Vought Corsair a fait son entrée sur scène lors de la bataille du Pacifique en 1943.

Une série nommée F4U-7 a été construite spécialement pour la France et produite à environ 94 exemplaires. Livré à partir de 1953, ce chasseur a été incorporé dans les flottilles 12F, 14F, 15F et 17F, ainsi que dans les escadrilles 3S, 10S et 57S. A noter qu’une version AU1 a été utilisée en Indochine en 1954 et un peu plus tard en 1957/1958 au sein des 12F et 14F.

 

Caractéristiques de ces deux appareils :

 

  Moteur Longueur Envergure Poids Vitesse Armement

Corsair AU1

Pratt & Witney

R.2800 (2300CV)

10,39 m 12,50 m 4400 kg à vide

8780 kg pleine charge

705 km/h 4 canons de 20 mm

4 bombes de 454 kg

Corsair F4U7

Pratt & Witney

R.2800 (2100CV)

10,51 m 12,49 m 4700 kg à vide

8400 kg pleine charge

720 km/h 4 canons de 20 mm

10 roquettes de 127

ou 1350 kg de bombes

 

     

 

Aquilon :

L’Aéronautique navale, en raison de l’échec du programme de 1946 intéressant la fabrication de chasseurs embarqués, se tourne également vers la Grande Bretagne. Elle acquiert tout d’abord auprès de De Havilland la licence du Sea Venom et produit alors à partir de 1952 une série de modèles nommés Aquilon (20, 202, 203 et 204), la différence dans ces différentes versions étant les options monoplaces, biplaces ou entraînement. La version 20 est un bi-place avec verrière « Clamshell » - La version 202 abandonne la verrière précédente et adopte le modèle coulissant – La version 203, est un modèle monoplace doté d’un nouveau radar produit aux USA -  La version 204 est un bi-place d’entraînement non armé.

Les fabrications sont toutes achevées en 1958 et la première unité à être dotée de cet appareil est la flottille 16F à partir de 1956, suivie quelques mois plus tard par la 11F. Les escadrilles 2S, 10S, 54S et 59S ont été également en leur temps dotées de ces aéronefs à réaction motorisé par un réacteur Ghost 48 de 2200 kg de poussée et produit par l’usine FIAT de Turin.