Généralités

De la fin de la guerre d’Algérie,

au début des années 1990

Vingt trois années viennent de s’écouler.

Après la deuxième guerre mondiale, suivie de la guerre d’Indochine puis de celle d’Algérie, trois grands conflits au cours desquels l’Aéronautique navale a été totalement impliquée, une nouvelle ère démarre à compter de  1962.

L’amorce de cette dernière, avec le retour en métropole de toutes les formations qui étaient jusqu’à présent affectées en terre africaine, voit en conséquence la fermeture des bases sur lesquelles ces unités étaient jusqu’alors implantées, ou sur lesquelles elles faisaient escale.

- En Tunisie : Karouba

- En Algérie : Alger Maison Blanche  et Lartigue.

- Au Maroc : Port Lyautey, Khouribga, et Agadir.

- En Mauritanie : Port-Etienne.

- Au Sénégal : Bel-air.

Dorénavant l’activité se concentre :

- Pour les hélicoptères : à Lanvéoc-Poulmic (Finistère) et à Saint-Mandrier (Var).

- Pour les avions : à Hyères (Var), Nîmes (Gard), Landivisiau (Finistère) et Lann-Bihoué (Morbihan).

- Rochefort (Charente maritime) demeure centre-école du personnel non volant, Fréjus Saint Raphaël (var) conserve sa vocation de centre d’expérimentations, Cuers-Pierrefeu (Var) tend de plus en plus à devenir uniquement un grand atelier de révisions d’aéronefs et enfin Dugny Le Bourget (en région parisienne) devient une base-escale.

Sur un tout autre point, la formation des pilotes d’avions est dorénavant confiée à l’Armée de l’Air (Salon de Provence, Tours et Cognac), ou à l’ALAT (Aviation légère de l’Armée de terre). Cette formation s’opère dans des sections Marine Ecole qui sont alors créées sur les bases concernées  de ces deux armes.

A titre d’exemple, la formation initiale des pilotes d’hélicoptères qui était dispensée jusqu’alors par l’escadrille 58S de Saint Raphaël, est dorénavant confiée à l’ALAT ou à l’Armée de l’Air :

- Chambéry (BA 725) de 1960 à 1964 (formation initiale sur hélicoptères).

- Dax (ALAT) de 1964 à 1974 (formation sur hélicoptères légers).

- Chambéry (BA 725) de 1964 à 1972 (formation sur hélicoptères moyens).

- Le Luc en Provence (ALAT) de 1973 à 1975 (formation sur hélicoptères moyens)

- Dax (ALAT) de 1974 à nos jours (formation sur hélicoptères légers).

Dans cette énumération, nous n’oublierons pas l’escadrille 22S de Lanvéoc Poulmic, dans son rôle de formation IFR et de navalisation, stages qu’elle gère depuis 1972.

Le début de la période dont il est ici question, grâce à la renaissance de l’industrie aéronautique française, voit peu à peu les aéronefs d’origine étrangère, remplacés par ceux de la production nationale.

A titre d’exemple on peut citer :

- Les Alizé et les Atlantic des usines Breguet.

- Les Etendard de chez Marcel Dassault.

- Les hélicoptères Super-Frelon de la firme Sud Aviation.

Toutefois, commençant à entrevoir la fin de son seul avion de combat à réaction, l’Aquilon,  ses 2 nouveaux porte-avions étant trop petits pour accepter les variantes navalisées de la plupart des supersoniques français, la Marine se tourne à nouveau vers les Etats-Unis et passe une commande pour des F8E Crusader. Une quarantaine d’entre eux seront achetés, et se trouveront affectés au fur et à mesure des arrivages, aux flottilles 12F et 14F et ceci à partir du début de l’année 1965.

Les flottilles

Nous reparlerons de ces flottilles et de leurs aéronefs dans les chapitres qui suivront: L'Aviation embarquée, La patrouille maritime et Les hélicoptères.

Les escadrilles

Porte-aéronefs

Arrivant juste à point pour bénéficier des dernières améliorations techniques (Piste oblique, catapulte à vapeur et miroir d’appontage), notre tout nouveau P.A CLEMENCEAU qui voit ses premiers éléments être assemblés en décembre 1955 à Brest, est mis à flot deux ans plus tard. Entrant en armement en septembre 1959, il est admis au service actif le 22 novembre 1961.

Deuxième bâtiment à porter le nom du Maréchal, le porte-avions FOCH, frère cadet du Clemenceau et faisant partie de la tranche navale de 1955, voit sa construction entamée à Saint Nazaire en 1957 puis poursuivie à Brest de 1959 à 1960. Il entre à son tour en service le 15 juillet 1963.

Se situant dans la classe porte-avions de soutien (entre 20 et 35 000 tonnes), ces deux nouveaux bâtiments pouvant embarquer chacun une quarantaine d’aéronefs, vont autoriser la mise en œuvre des nouveaux supersoniques (Etendard et Crusader).

De son côté l’ARROMANCHES, bien qu’ayant été modernisé par l’adjonction d’une piste oblique en 1958, va dorénavant  être cantonné dans le rôle de porte-hélicoptères, mais en gardant toutefois ses capacités pour l’école d’appontage.

Conçue comme croiseur-école et comme porte-hélicoptères, la JEANNE D’ARC construite à Brest tout d’abord sous le nom de LA RÉSOLUE, entre en service en 1964. Pouvant embarquer jusqu’à 8 appareils, elle pourrait en temps de guerre et après quelques transformations, être utilisée en tant que Porte-hélicoptères ASM ou d’assaut.

Suite à des expérimentations fructueuses effectuées sur l’E.E. LA GALISSONNIÈRE, la Marine nationale généralise l’embarquement d’un ou deux hélicoptères sur ses futurs bâtiments (de combat ou auxiliaires). Ainsi vont apparaître les BPH (bâtiments porteurs d’hélicoptères). Ces derniers sont dotés d’un hangar aviation mono ou biplace, ainsi que d’un système d’accrochage constitué d’une grille, sur laquelle un harpon fixé sous l’hélicoptère va pouvoir se ficher et maintenir celui-ci lors de son poser sur le bâtiment. Bénéficieront de ces aménagements les frégates des types TOURVILLE, GEORGES LEYGUES et CASSARD, puis plus tard les frégates types FLORÉAL et LA FAYETTE. Dans les bâtiments auxiliaires, et pour ne citer que les principaux, les pétroliers ravitailleurs du type DURANCE vont également bénéficier de ces transformations.

Nous n’oublierons pas de citer les transports de chalands de débarquement, qui de leurs côtés sont dotés d’un pont d’envol extensible.

L’activité

Durant cette période d’une trentaine d’années, l'activité va comporter plusieurs volets. Nous détaillerons ultérieurement les missions imparties aux porte-avions (Centre d’expérimentations du Pacifique,  indépendance de Djibouti, protection des troupes de l’ONU au Liban, protection des navires marchands en mer d’Oman lors de la guerre Irak-Iran, et enfin la guerre du Golfe en 1990-1991).

Seront également présentées dans le chapitre "opérations extérieures", les missions outre-mer confiées aux Atlantic ou aux HSS.1, missions destinées à sécuriser des pays ayant signé des accords de défense avec la France.