L'aviation de

patrouille maritime

 

 

 

Janus, le Dieu au double visage

regarde partout, ubique,

en tous temps et en tous lieux

 

 

 Généralités

 

Après la dissolution à Nîmes de la flottille 28F en 1963, suivie en 1964 par celle de la 27F de Dakar, les aéronefs de patrouille maritime sont réunis sur deux bases métropolitaines et forment deux groupes aéronavals (GAN). On distingue le GAN.6 à Nîmes-Garons en compagnie des flottilles 21 et 22F et le GAN.7 à Lann-Bihoué avec les flottilles 23, 24 et 25F.

Les 21 et 22F vont à compter de 1965/1966 abandonner leurs vieux P2V6 Neptune pour se doter d’un nouvel appareil : le Breguet Atlantic 1150.

A Lann-Bihoué, la 24F à son tour sera équipée de l’Atlantic vers la mi année 1967, la 23F n’héritant de cet avion qu’à compter de 1972.  Quant à la 25F, celle-ci sera dissoute avec ses Neptune P2V7 en juillet 1983.

Ces dénominations de GAN vont disparaître en 1969 puis renaître brièvement en 1972 (GAN.2 à Lann-Bihoué et GAN.3 à Nîmes), avant d’être supprimés en octobre 1973 (A cette date est créé le commandement de l’aviation de patrouille maritime, dirigé par un contre-amiral qui prend la dénomination d’ALPATMAR).

Hormis ces flottilles de patrouille maritime, il est à noter qu’ALPATMAR, va réunir sous sa houlette d’autres formations entre 1981 et 1990 : l’escadrille 56S et son école du personnel volant, la 55S d’Aspretto en Corse et son école de spécialisation sur multimoteurs, les 9 et 12S stationnées dans le Pacifique, l’escadrille 52S (qui reprend l’école sur multimoteurs après dissolution de la 55S) et enfin les escadrilles régionales 2, 3 et 11S,

ALPATMAR sera supprimé en juin 1998 ainsi qu’ALAE (Aal Aviation embarquée), et tous deux seront regroupés dans l’ensemble des formations de l’Aéronautique navale qui prendra dès lors l’appellation d’Aviation navale.

 

Les nouveaux aéronefs

L’Atlantic ou ATL1

Au milieu des années 1950, le Service central de l’Aéronautique navale, demande à la firme Bréguet d’étudier un avion de patrouille maritime et suite à cette demande, un projet désigné sous le nom de Breguet 1150 Atlantic est présenté en 1958 lors d’un concours organisé par l’OTAN.. Mais bien que ce projet séduise  bon nombre de nations, seuls quatre pays se prononcent pour sa réalisation en commun et son achat. C’est ainsi que l’Italie, les Pays-Bas et l’Allemagne de l’Ouest vont se joindre à la France dans cette construction au sein de la SECBAT (Société d’étude et de construction du Breguet Atlantic) et son acquisition.

Le prototype n°01 vole en octobre 1961 et le 1er avion de série est livré à la France en décembre 1965 et au fur et à mesure l’Aéronautique navale française acquiert 40 de ces aéronefs qu’elle affectera aux flottilles 21F (de décembre 1965 à juin 1993), 22F (de novembre 1966 à octobre 1996), 23F (de janvier 1972 à février 1991) et 24F (de mai 1967 à novembre 1992). (47 autres sont livrés aux trois autres pays co-constructeurs).

Notons qu’en novembre 1985, la France rachètera 6 ATL.1 aux Pays Bas qui se défait de ses appareils.

In memoriam :

- Le 31 août 1967, un appareil de la 22F s’écrase au Spitzberg : 11 morts.

- Le 20 septembre 1968, lors d’un vol de démonstration au meeting de Farnborough en Grande Bretagne, un autre appareil de la 22F s’écrase au sol : 5 morts.

- Le 10 mars 1981 à Moroni aux Comores, un ATL.1 de la 23F percute une montagne : 18 morts.

- Le 18 mai 1986 à Djibouti, le crash d’un appareil de la 21F occasionne 19 victimes.

 

Caractéristiques de l’appareil :

 

Longueur Hauteur Envergure Masse Armement
31,75 m 11,33 m 36,30 m 43 tonnes (pleine charge) 18,5 tonnes (à vide) Torpilles

Grenades ASM

Missiles

Propulsion Vitesse maxi Vitesse en patrouille Autonomie Equipage
2 turbopropulseurs

Rolls-Royce Tynes MK21 de 5665 CV

320 noeuds

(590 Km/h)

150 à 280 noeuds 18 heures 13

 

     

 

 

L’Atlantique ou ATL2

Le remplacement de l’ATL1 est envisagé dès le début des années 1970. Toutefois la Marine nationale étant très satisfaite de l’Atlantic, sa demande concernant un nouvel aéronef ne touchera ni à la motorisation ni à la cellule de ce dernier, mais sera orientée dans l’installation de nouveaux équipements.

C’est ainsi qu’en mars 1977, le ministère de la Défense ouvre le lancement des études de définition de cet appareil de nouvelle génération.

Construit à partir d’une cellule d’Atlantic par le groupe SEBCAT, le prototype de l’ATL2 vole pour la 1ère fois le 8 mai 1981. La série quant à elle ne sera commandée que par la Marine française.

Le premier de ces avions de série sur les 42 commandés est livré à l’automne 1989. Il armera tout d’abord la flottille 23F qui en sera entièrement dotée en début d’année 1991. Suivra ensuite la 24F à compter de novembre 1992 et enfin la 21F à partir de septembre 1993.

A noter que la flottille 22F sera dissoute en octobre 1996 avec ses ATL1 (la commande initiale de 42 ATL2, s’étant transformée à partir de 1992 en 28 exemplaires, suite à des restrictions budgétaires. Cette quatrième flottille ne peut donc pas être armée).

 

Caractéristiques de l’appareil :

 

Longueur Hauteur Envergure Motorisation Masse
31,71 m 11,50 m 37,46 m 2 Rolls-Royce

Tynes MK21

46 tonnes maxi

au décollage

 

Armement : 8 torpilles MK46 anti sous-marines et 2 missiles AM39 anti-navires.

Equipements : Radar Iguane d’une portée de 370 km, tournant sur 360 degrés, et très difficile à détecter,  système de détection infrarouge FLIR (Forward Looking Infra Red) servant à l’identification à distance des navires, système d’exploitation SADANG pour les bouées acoustiques (système d’analyse et de Détection de l’Atlantique Nouvelle Génération), équipement de mesures de soutien électronique ARAR 13A , MAD Crouzet DHAX, etc...

 

     

 

 

Le FALCON 200 Gardian

Au début des années 1980, la Marine nationale passe commande à la firme Dassault de 5 Falcon Gardian, afin d’assurer la patrouille et la surveillance maritime dans le Pacifique. Ces 5 appareils rejoignent en 1984, l’escadrille 9S en Nouvelle Calédonie (2 exemplaires) et  l’escadrille 12S à Tahiti (3 exemplaires).

 

Caractéristiques de l’appareil :

 

Longueur Envergure Motorisation Masse Vitesse
17,15 m 16,30 m 2 réacteurs Garett

ATF3-6A-3C

de 2648 kgp

15,2 tonnes maxi 870 km/h à 9000 mètres

 

 

 

L’EMBRAER E-121 Xingu

Dès 1983, l’escadrille 52S basée à Lann-Bihoué perçoit des bi-turbopropulseurs Xingu produit par la firme brésilienne Embraer.

Bien qu’intégré au sein de la patrouille maritime, cet aéronef est plutôt utilisé pour l’école de spécialisation sur multimoteurs ainsi que pour le transport de personnel ou de fret, ainsi que pour d’éventuelles évacuations sanitaires.

 

Caractéristiques de l’appareil :

 

Longueur Hauteur Envergure Motorisation Masse
12,25 m 4,70 m 14,45 m 2 turbopropulseurs

Pratt & Withney

P16A-28

de 680 CV chacun

5670 kg maxi
Vitesse de croisière Vitesse maxi Plafond pratique Autonomie Equipage
230 noeuds 450 noeuds 7900 mètres 7 heures

2270 km

2 pilotes

7 passagers peuvent y embarquer

 

 

 

Le NORD 262 A et E

Construit par Nord-Aviation dans les années 1960, cet appareil se conjugue dans l’Aéronautique navale en deux versions :

- 262 A : Transport de personnel et de fret.

- 262 E : Surveillance maritime, formation et entraînement du personnel, service public.

 

Caractéristiques de l’appareil :

 

Longueur Envergure Motorisation Masse à vide
19,28 m 21,90 m 2 turbines

Turboméca Bastan VI C

1080 CV chacune

7 tonnes
Masse pleine charge Vitesse de croisière Rayon d'action Plafond pratique
10,6 tonnes 385 km/h 1400 km 5400 mètres

 

Cet appareil suivant les versions, sera affecté aux escadrilles régionales de transport et de liaisons  2S, 3S et 11S, au cours de la décennie 1970  et aux escadrilles écoles 55S (en 1970) et 56S (en 1982).