Le Centre
d'Expérimentations
du Pacifique
Le rôle de l'Aéronautique Navale
Généralités sur les essais nucléaires
Décidée à se doter de l’arme nucléaire dès 1954, la France se mit alors à la recherche de sites afin de procéder à de futurs essais. L’option retenue fut tout d’abord le Sahara algérien, qui à cette époque lui appartenait. Après emménagements des lieux, le tout premier tir français, eut lieu à Reggane, le 13 février 1960. D’une puissance de 70 Kilotonnes (Kt), ce tir fut nommé "Gerboise bleue". Cet essai qui était aérien, fut suivi par trois autres du même type qui eux s’échelonnèrent jusqu’au 25 avril 1961 et qui prirent également les noms de Gerboise (blanche, rouge et verte).
A compter du 7 novembre 1961, les tirs furent réalisés à In Ecker (dans le Hoggar) au Centre d’Expérimentations Militaires des Oasis (CEMO), en galeries souterraines. Tous ces tirs (du 5ème au 17ème) furent désignés par des noms de pierres précieuses ("Béryl", "Améthyste", "Jade", "Tourmaline", etc…) et se terminèrent le 16 février 1966 par celui nommé "Grenat".
Revenons en arrière : le 1er juillet 1962 l’Algérie devint indépendante, et les accords d’Evian signés avant cette indépendance permirent la poursuite des essais nucléaires sur le sol algérien jusqu’en 1966.
Entre-temps le gouvernement français conscient que ces accords stipulaient l’abandon du Sahara en 1967, se mit à la recherche d’un nouveau polygone de tirs. Le 27 juillet 1962, la Polynésie française fut alors retenue car elle remplissait le maximum des conditions nécessaires pour l’existence d’un champ de tir :
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Essais aériens possibles à toutes altitudes. Grande distance des lieux habités. Souveraineté française. Possibilité de liaisons régulières avec la Métropole à partir d’une base arrière facile à créer. |
Créé le 1er janvier 1964, le C.E.P. fut un organisme qui réunit sous un commandement unique et militaire, les éléments des Armées – en particulier la Marine qui représentait 70 % des effectifs militaires et assumait le commandement – et du C.E.A. (Commissariat à l’Energie Atomique) – nécessaires à la préparation des expériences du Pacifique. Cet organisme prit le nom de DIRCEN (Direction des Centres d’Expérimentations Nucléaires). Cette DIRCEN placée sous la houlette du ministre de la Défense était dirigée sur place par un Officier général, lui-même assisté d’un autre officier général (Amiral) et d’un directeur des essais du C.E.A. Dans ce contexte, l’île de Tahiti devint la base arrière et c’est sur son sol que furent implantés les bâtiments de l’Etat-major du C.E.P. (Le Centre d’expérimentions du Pacifique ou C.E.P. était sous les ordres du "patron" de la DIRCEN et avait en charge le soutien logistique de toute les iles Polynésiennes concernées par les essais nucléaires).
Les travaux d’emménagement et principalement sur les atolls d’Hao et de Mururoa*, furent diligentés à compter de l’année 1964 et le 1er essai atmosphérique d’une puissance d’environ 200 kt fut réalisé le 2 juillet 1966 à Mururoa, sous le nom d’Aldébaran.
* S’écrit aussi "Moruroa" et il faudrait prononcer : "Maourora"
Afin de donner une idée de son organisation, on peut considérer que le C.E.P. comprenait quatre ensembles :
1. |
L’île de Tahiti qui était la base arrière et où était cantonnés l’Etat-major ainsi que d’autres unités. |
2. | L’atoll de HAO qui était la base avancée opérationnelle. |
3. | Les atolls de Mururoa et de Fangataufa qui étaient les sites d’expérimentations. |
4. |
Une trentaine d’îles ou d’atolls abritant des stations météorologiques et radiologiques périphériques, stations réparties dans les archipels des Tuamotu, des Gambier, des Marquises ou des Australes. Parmi ces lieux abritant ces stations, on peut citer Turéia, Réao, Mangareva, Tematangi, Totegegie, Rapa, etc... |
Après le 1er tir du 2 juillet 1966, 40 autres (aériens eux aussi) furent ensuite réalisés jusqu’en septembre 1974 : 33 à Mururoa, 4 à Fangataufa et enfin 3 par largage d’avions Mirage IV, Mirage III et Jaguar. Notons que le 12ème tir nommé "Canopus" effectué à Fangataufa le 24 août 1968, fut celui de la première bombe thermonucléaire (bombe H) française.
Suite aux protestations internationales, et aux croisades menées par l’organisation "Greenpeace" contre tous ces essais atmosphériques, le gouvernement français se mit en quête d’un site en Polynésie, afin de permettre la réalisation d’expérimentations souterraines et étude d’impact.
Après divers tâtonnements, l’atoll de Fangataufa fut retenu et le premier puits sur sa couronne, vit son percement à la fin d’année 1974. Deux tirs ("Achille" et "Hector") furent tout d’abord exécutés les 5 juin puis 26 novembre 1975 dans les entrailles de cet atoll, et cette technique fut ensuite transférée sur Mururoa.
Cent trente sept tirs s’échelonnèrent ensuite, du 3 avril 1976 (Patrocle) au 27 janvier 1996 ("Xouthos"). La grande majorité de ceux-ci se déroulèrent à Mururoa dans des puits forés sur la couronne ou dans des puits forés sous le lagon. Parmi ces 137 tirs, 8 (dont le dernier du 27 janvier 1996) furent réalisés à Fangataufa.
Au total, 198 essais nucléaires furent réalisés en Polynésie.
Deux jours après le dernier tir, le président de la République de l’époque, Jacques Chirac annonça l’arrêt définitif des essais et après le 6 avril 1998, jour où la France ratifia le traité d’interdiction des essais nucléaires, le C.E.P. ferma ses portes petit à petit :
Après dissolution de la DIRCEN et la fermeture des sites de Mururoa et de Fangataufa en juillet 1998, la base de Hao fut dissoute en juin 2000, et ses installations aéronautiques prirent un statut civil.
L’installation en Polynésie
Avant la création du C.E.P., il n’y avait aucun support logistique et tout était à faire !
Pour information la Polynésie se caractérise par :
- son éloignement de la Métropole : Paris est à 17 000 km de Tahiti.
- son étendue : des Gambier à Tahiti la distance est de 1 600 Km.
Un programme gigantesque fut alors entrepris, programme qui demanda plus de deux ans de travaux. Quelques chiffres permettent d’en mesurer l’ampleur :
- 2 000 000 m3 de terrassement.
- 100 000 m3 de béton de fortification.
- 100 000 m3 de béton ordinaire.
- 25 hectares de surfaces couvertes.
- 2 km de quais.
- 3 aérodromes (Hao, Mururoa et Fangataufa).
Dans un tout premier temps, en 1963, les premiers "envahisseurs" (Légionnaires, Marins, Sapeurs du Génie, Infanterie coloniale) prirent possession d’Hao, de Fangataufa et de Mururoa. Ces "néo-colonisateurs" furent déposés sur les atolls grâce à la dextérité des Polynésiens à bord de leurs baleinières.
Le travail de ces pionniers fut d’aménager des pontons sur le rivage des lagons et d’élargir à l’aide d’explosifs les passes afin de permettre à des bâtiments d’accoster. Une fois ces premiers travaux achevés, une noria de bateaux petits et gros débarqua alors, matériels et personnels.
Tout fut importé, stocké, redistribué par la voie maritime. Outre le problème des accès comme à Fangataufa, de nombreux autres problèmes furent à résoudre, tels ceux de l’infrastructure maritime, de l’eau potable, des constructions à mener de front en plusieurs endroits, sans compter les très nombreux relevés hydrographiques et photographies aériennes.
Infrastructure du C.E.P. |
La base arrière de Tahiti
Située à Papeete et dans ses environs immédiats, elle comprenait :
- FARE UTE : Base Marine - Arsenal - Port de commerce
- District de FAAA : Un aérodrome civil construit en 1961 et une base aérienne. C’est à partir de cette base aérienne (B.A 190) que décollaient les avions reliant Hao et Mururoa (Breguet 2 ponts, DC6, DC8, Caravelles, KC 135, etc…)
- District d’ARUE : où se trouvait le siège de la Légion Etrangère et du Génie. Ces deux corps formaient un régiment mixte qui avait pris le nom de : 5° R.M.P.
- TAAONE : C’était en quelque sorte, le Pentagone du CEP, l’endroit où s’élaboraient les grandes décisions d’Etat-major. A côté du P.C se trouvait l’hôpital "Jean- Prince", les cercles d’officiers et d’officiers mariniers ainsi que les logements des cadres civils et militaires.
La base avancée de Hao |
Située à 900 km à l’Est de Tahiti, autour d’un lagon de 40 Kms (2° en superficie après celui de Rangiroa), l’atoll de Hao bien qu’abritant le village d’Otepa peuplé de Pomotus (habitants des Tuamotu), fut transformé en base avancée dans toute une partie non habitée. Le choix de cet atoll fut dicté pour plusieurs raisons :
- Jouer le rôle d’intermédiaire entre Tahiti et les sites de tir.
- Eviter le transit, la manipulation et le stockage des engins nucléaires à Papeete.
- Disposer d’une infrastructure aéronautique permettant les missions aériennes immédiates liées aux tirs.
- Servir éventuellement de base de repli ou d’évacuation.
De 1964 à 1966, une base nouvelle fut construite permettant d’abriter 2 500 hommes en période de tir et qui disposait :
- | D’une piste internationale pouvant recevoir et entretenir les DC8 de l’Armée de l’Air. |
- |
D’une base aérienne (B.A 185) interarmées, qui permettait de mettre en œuvre, outre des avions de transport, des Vautours de l’Armée de l’Air de l’escadron "Loire", des hélicoptères ainsi qu’une panoplie d’aéronefs appartenant à l’Aéronautique navale (Alouette III, PBY Catalina, SA 321, Super Frelon, Neptune P2V6 puis P2V7…). |
- | D’une infrastructure portuaire. |
Les sites de tirs de Mururoa et de Fangataufa |
- L’atoll de Mururoa, situé à 1 200 Km de Tahiti, présentait l’avantage d’être aisément accessible aux navires, grâce à une passe large et à faible courant. Les points de mouillage le long de la barrière corallienne avaient gardé les noms donnés par les premiers hydrographes : Dindon, Anémone, Denise, et étaient devenus par la suite les noms donnés aux blockhaus où les appareils du C.E.A. enregistraient les effets des tirs nucléaires.
A chaque point de mouillage étaient embossés, les bâtiments logistiques du C.E.P.
A noter que jusqu’en 1974, année de l’arrêt des tirs aériens, le personnel était caserné et alimenté dans des bâtiments bases (MAINE, MEDOC, MORVAN, MOSELLE et MAURIENNE).
- L’atoll de Fangataufa quant à lui, situé à une quarantaine de km de Mururoa, vit son anneau corallien communiquer par une passe artificielle creusée en 1965/1966 par les Travaux Maritimes.
Les postes périphériques
Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, une trentaine de postes d’observations météorologiques, radiologiques et géodésiques furent installés dans certains atolls. Ils comprenaient de petites garnisons de 6 à 20 hommes relevés tous les 2 ou 3 mois.
L’Aéronautique navale et le C.E.P.
Le CV Henri MARTINI ancien commandant de cette escadrille, nous relate dans un livre qu’il a rédigé en 1998 quelques anecdotes sur ces missions.
On apprend ainsi qu’au début de l’année 1962, un avion Constellation du S.A.R. de l’Armée de l’Air avait transporté de la Métropole vers Tahiti, un groupe de spécialistes en essais nucléaires (dont le Général d’aviation THIRY, chef interarmées des armes spéciales). Ces personnes à bord de cet aéronef, avaient au cours de reconnaissances aériennes au dessus de l’archipel des Tuamotu, retenu les atolls de Mururoa et de Fangataufa en tant que futurs polygones de tirs et suite à cette décision le conseil de défense du 27 juillet 1962 approuva alors la création du C.E.P.
La cartographie de ces deux atolls, alors peu connus, était loin d’être satisfaisante et des relevés hydrographiques et topographiques précis se révélèrent indispensables. La venue sur zone depuis la métropole d’un navire hydrographe (A 750 - LA PEROUSE) était prévue, mais il fut admis que le travail de ce dernier serait alors grandement facilité par des prises de vues photographiques aériennes. L’unique unité française qui soit stationnée dans l’océan Pacifique était l’escadrille 9S avec ses Lancaster et c’est ainsi que celle-ci fut engagée pour ce genre de missions.
Afin que les avions disposent d’appareils photographiques adéquats, deux jeunes ingénieurs de l’Institut géographique national arrivèrent de Métropole avec leurs matériels. Les armuriers de la 9S conçurent alors les supports de ces nouveaux équipements et le premier vol de ce genre de mission fut effectué le 19 mars 1963 (Pour information le vol Tontouta-Papeete, avec escale technique à Wallis, durait près de 17 heures…).
Afin de bien repérer Mururoa et Fangataufa dans le foisonnement des Tuamotu, les équipages des Lancaster estimèrent que le plus sûr moyen de ne pas les manquer, serait, en quittant Tahiti (Lieu où ils étaient basés) à la verticale de Papara, de survoler vers l’Est successivement tous les atolls, en les décomptant soigneusement, jusqu’au grand atoll de Hao, (Celui-ci est remarquable par la couleur émeraude et la grandeur de son lagon). Recalés sur Hao, le vol se poursuivait alors vers le Sud-est et après le décompte des atolls d’Aliaki, Ahuni, Nukutavana et Turéia, Mururoa se présentait à son tour.
Cette méthode de navigation empirique mais néanmoins la plus sûre, fut facilitée un peu plus tard par la présence à Mururoa de l’aviso FRANCIS GARNIER puis du BH LA PEROUSE, qui émirent des signaux radioconducteurs… car ni Hao, ni Mururoa et ni Fangataufa n’étaient équipés en radiophares à cette époque.
Les missions de la 9S pour les besoins du C.E.P. furent prolongées jusqu’en 1965 à partir d’Hao ou de Mururoa, afin de réaliser des photographies d’autres îles.
Les amphibies PBY Catalina |
En fin d’année 1964, alors que les travaux d’emménagement de la base aérienne 185 d’Hao n’étaient pas encore achevés, la Marine nationale, afin d’assurer la desserte des atolls environnants, créa la Section de Liaison du Pacifique (S.L.PAC.). Cette section fut armée à partir de mars 1965 par trois hydravions PBY Catalina achetés sur le marché civil des occasions au Canada. Les trois appareils acquis (34020, 34039 et 48448 et numérotés par la suite 20, 39 et 48), furent tout d’abord révisés en Métropole et dirigés ensuite par leurs propres moyens, vers le C.E.P. via la route des Indes et furent basés tout d’abord à Faaa à Tahiti).
Ces amphibies furent essentiellement utilisés dans des missions de transport (Personnel et fret) entre différentes îles.
En septembre 1965, deux de ces appareils (les n° 20 et 39) gravement endommagés dans le lagon de l’atoll d’Hikueru à une centaine de Km d’Hao (énormes déchirures causées par des pâtés de coraux, lors d’amerrissages, heureusement sans faire de victimes), furent ipso facto condamnés. Leurs remplaçants, les CV520 et CV332 numérotés ensuite 20 et 32, arrivèrent quant à eux en février 1966.
En avril 1966, l’appareil n° 48 dut être abandonné dans le lagon de l’atoll de Reao, dans lequel il coula, à la suite d’une rentrée importante d’eau par la trappe avant du train d’atterrissage (heurt violent avec une vague lors du décollage).
La section à compter de ce moment là, ne put assurer ses missions qu’avec les deux appareils lui restant (20 et 32), et quitta son cantonnement de Tahiti en novembre 1966 afin de rejoindre Hao. Pour la remettre à niveau, un autre amphibie (CV281, numéroté 81)) fut acheté et ce dernier arriva en avril 1968.
La S.L.PAC fut dissoute le 1er janvier 1972 et ses 3 Catalina cédés au Chili.
Les Alouette III en sections |
En octobre 1966, le porte-avions FOCH qui s’apprêtait à rentrer en Métropole au terme de sa présence en Polynésie au sein du groupe Alpha lors la campagne de tirs nucléaires, débarqua sur l’atoll d’Hao, cinq Alouette III appartenant à l’escadrille 23S et qui se trouvaient embarquées à son bord.
Ce groupe d’hélicoptères fut intégré au sein du GAN Hao (Groupement d’aéronautique navale) et prit la dénomination de Section Alouettes du Pacifique (SectAlpac).
Le GAN Hao (qui prit ensuite le nom de G.A.N PAC en janvier 1973) concentra donc à cette époque outre ce groupe d’Alouettes, la section Catalina. Créé le 15 septembre 1966 et dissout le 1er février 1976, il comporta en son sein les unités suivantes :
- Section Alouette du Pacifique (du 14-9-1966 au 1-1-1975)
- Section de liaison des Catalina du Pacifique (du 15-9-1966 au 1-1-1972)
- Escadrille 27S (du 1-4-1968 au 1-2-1976)
- Flottille 23F (d’avril à octobre durant les années 1968, 1970 et 1971)
- Escadrille 12S (de mai 1972 à février 1976)
Missions de servitude au C.E.P et embarquements sur divers bâtiments furent le lot quotidien de cette section, qui cessa d’exister le 1er janvier 1975, après que ses Alouette fussent versées à l’escadrille 27S en décembre 1974.
Les deux "Force ALFA" des Porte avions Foch et Clemenceau
Pour ces deux missions réalisées respectivement en 1966 et 1968, se reporter au dossier "L’aviation embarquée et les Porte-avions" que nous avons rédigé ici dans la période 1963-1990.
La surveillance maritime exercée par les avions Neptune
8S | 23F | 12S |
Une part importante a été prise pour ces expérimentations nucléaires, par les formations de l’Aéronautique navale basée à terre. Elles ont opérées principalement à partir de Hao.
Surveillance maritime des champs de tir du C.E.P., soutien et service public (S.A.R., sauvetage ou largage de courriers sur des atolls éloignés) ont été le lot des équipages de ces avions.
Il faut donc citer :
- L’Escadrille 8S qui, armée de quelques P2V6, quitta Nîmes-Garons en avril 1966 pour rejoindre le Pacifique. Basée sur Hao jusqu’en novembre 1966, durant son voyage de retour, laissa ses avions à Tucson (U.S.A.) où ils furent ferraillés. A l’origine ces derniers avaient été prêtés grâce au Plan Marshall.
- La Flottille 23F qui, venue de Bretagne (Lann Bihoué), aligna 9 P2V7 (ou P2H) lors de la campagne de tirs de 1968, 7 lors de la campagne de 1970 et enfin 5 pour celle de 1971.
En octobre 1971 juste avant son départ vers la métropole, la 23F laissa sur Hao, 2 de ses appareils (les n° 690 et 431) qui formèrent alors la Section P2H Pacifique.
Lorsqu’en 1972 l’escadrille 12S arriva, ces 2 appareils lui furent versés.
- L’escadrille 12S qui quitta définitivement la Métropole en 1972 et arriva le 5 mai au C.E.P armée en P2H. Basée tout d’abord à Hao jusqu’en septembre 1974 (date de la fin des essais nucléaires en atmosphère), elle rejoignit ensuite la base aérienne 190 de Faaa à Tahiti, A noter que sa plus forte participation aux campagnes de tirs, fut l’année 1973, où elle aligna 7 appareils.
Les P2H furent condamnés en juillet 1984 et remplacés par des Gardian.
L’escadrille 27S et ses hélicoptères |
Créée le 1er décembre 1967 à Fréjus Saint Raphaël, cette unité d’hélicoptères est armée à partir du début de l’année 1968 avec 4 Super Frelon (version cargo - 321 Ga) portant les numéros 101, 102, 105 et 106.
Ses équipages s’entraînent alors à des exercices de charges suspendues et à des appontages sur le TCD ORAGE.
Le 12 mars 1968, forte d’une centaine d’hommes et de ses 4 appareils appareille à bord du porte-avions CLEMENCEAU à destination de la Polynésie française.
Débarquée à Hao le 16 mai, l’escadrille se voit alors confiée des missions de transport de matériels lourds à partir des bâtiments de débarquement de chars (BDC) vers les sites de tir de Fangataufa ou de Mururoa, ou encore des missions de liaison ou de desserte avec des atolls plus ou moins éloignés.
Lors des campagnes de tir des années 1966, 1967 et 1968, une mission particulière avait été confiée aux hélicoptères HSS.1 (notamment ceux embarqués sur les P.A FOCH et CLEMENCEAU) : le chalutage pour récupération des têtes de fusées MATRA tirées par les avions Vautour de l’ Armée de l’Air.
Ces fusées MATRA de 200 Kg étaient tirées à haute altitude et à une vingtaine de km du nuage radioactif et pouvaient être de 3 sortes :
- M.638.P : pour prélèvement de poussières.
- M.638.G : pour prélèvement de gaz.
- Missile SCALP (système de Collectes d’Aérosols Liquides et Poussières) à partir de 1971.
Une fois ces têtes de missiles retombées en mer, elles étaient repérées par les avions de patrouille maritime Neptune, repêchées par chalut traîné par l’hélicoptère et déposées ensuite à Mururoa ou à Fangataufa, au soin d’équipes spécialisées chargées de les préparer et de les convoyer vers Hao pour études scientifiques.
Ces missions de chalutage de têtes de fusées, l’escadrille les reprit ensuite à son compte et pour se faire, ses Super Frelon furent embarqués à partir de la campagne de tir 1971, sur les TCD ORAGE ou OURAGAN.
En mars 1969, les appareils 102 et 106 furent ramenés en Métropole par le TCD ORAGE, tandis que les deux autres (101 et 105) furent stockés sous cocon à Hao. Les 102 et 106 retournèrent sur l’atoll à bord du TCD OURAGAN, en compagnie d’un nouvel appareil (le 150) et l’escadrille forte de cinq appareils se reconstitua en Polynésie durant le dernier trimestre de cette année là.
En 1971, le Super Frelon 102 quitta l’escadrille et fut affecté en Métropole à la Flottille 32F.
A l’issue de la campagne 1974 (fin des essais nucléaires en atmosphère), deux autres appareils (les 105 et 150) furent affectés à leurs tours en Métropole et la 27S ne compta alors que deux appareils dans ses rangs (les 101 et 106).
Après dissolution de la SectAlpac le 29 septembre 1974, le personnel et les appareils de cette section furent versés à l’escadrille. La 27S est alors scindée en deux composantes :
- 27S Hao avec les 2 Super Frelon
- 27S Mururoa avec les Alouette III
Notons que le 12 juillet 1976, une de ces Alouette lors d’un décollage depuis Mururoa, se mit en autorotation et chuta sur une autre Alouette de l’escadrille. Hormis la destruction des 2 machines (les 1594 et 1602) on déplora le décès des 4 membres d’équipages de ces deux hélicoptères.
Au 1er janvier 1976, la 27S d’Hao fut transférée aux Forces de souveraineté française du Pacifique et se vit alors confiée principalement les missions d’ EVASAN dans l’archipel des Tuamotu. Elle fut décorée de la médaille de la Santé le 4 avril 1978 par suite des nombreux services rendus.
En avril 1978, l’escadrille perdit ses 2 derniers Super Frelon et finit son existence à Mururoa le 5 août 1980.