Les opérations et

missions extérieures

 

 

Les missions "SAPHIR" dans l’Océan Indien

Afin de tempérer d’éventuelles idées belliqueuses de certains pays riverains du Territoire français des Afars et des Issas (Djibouti) devant accéder à l’indépendance, la France renforce sa présence en ces lieux. C’est ainsi qu’une force navale nommée "Saphir" et constituée du PA Clemenceau et de son groupe aérien, de deux escorteurs et d’un pétrolier ravitailleur, va séjourner dans ces eaux de novembre 1974 à janvier 1975.

D’avril à juin 1977, le CLEMENCEAU y retourne à nouveau. Il est relevé sur zone par le FOCH qui va alors continuer cette mission jusqu’en décembre de cette année, l’indépendance de la République de Djibouti ayant été proclamée en juin sans que rien ne vienne troubler celle-ci.

 

Les expérimentations nucléaires dans le Pacifique

A partir de 1965, la Marine étant partie prenante dans les expérimentations nucléaires qui vont se dérouler en Polynésie française, va déployer tout un arsenal de bâtiments et d’appareils de l’Aéronautique navale en ces lieux. Une force aéronavale (Force ALFA) articulée autour du porte-avions FOCH et de son groupe aérien est constituée avec les E.E La BOURDONNAIS, FORBIN, JAUREGUIBERRY et le pétrolier-ravitailleur LA SEINE et séjourne dans la zone de tirs entre mai et novembre 1966. Cette force ALFA sera suivie d’une autre en 1968, cette fois-ci autour du CLEMENCEAU accompagnés des mêmes bâtiments.

Opérant à partir de la B.A d’Hao ou de celle de Faaa à Tahiti, des formations de l’Aéronautique navale basées à terre (8S, 12S, 27S, 23F, une section d’hydravions Catalina et même une section d’hélicoptères Alouette III), vont également prendre à diverses époques, une part importante à ces expérimentations qui vont se dérouler jusqu’au milieu des années 1990.

 

Les missions Olifant au Liban

Nous sommes en 1982. Le Liban à cette époque est devenu le théâtre d’une guerre civile opposant d’un côté les forces "progressistes" (forces entretenues par le voisin Syrien), et de l’autre les milices chrétiennes du président Gemayel. Cette guerre se déroule avec l’occupation d’une partie du  terrain par deux de ses voisins immédiats : la Syrie (jouant le jeu du pompier pyromane)  et Israël (plus ou moins favorable à l’installation d’un état chrétien, et de ce fait sécurisant pour lui).

Cette situation inquiétant les pays occidentaux, plusieurs d’entre eux (USA, France, Grande Bretagne et Italie) décident d’envoyer sur les lieux des forces terrestres ainsi que des unités navales, afin de constituer une force multinationale de sécurité.

Le FOCH inaugure la première de ces missions qui est effectuée entre le 7 et le 18 septembre 1982 (Olifant IV, destinée à assurer l’évacuation du contingent français de Beyrouth, comprenant 800 hommes avec matériel et véhicules et qui sont pour la plupart débarqués en Corse le 17 septembre). De suite après, la situation s’étant à nouveau aggravée, la France reconstitue un détachement de l’Armée de Terre et qui après avoir transité sur le FOCH, arrive le 28 septembre à Beyrouth (mission Olifant VI) et revient à Toulon le 8 octobre.

Dans le cadre de la mission Olifant XIII, le FOCH impose à nouveau sa présence entre le 12 et le 14 mai 1983, lors de la signature du traité de paix entre Israël et le Liban, et où mouillé devant les côtes, il rassure quelque peu les éléments français de la force multinationale, harcelés constamment par les tirs des factions extrémistes.

La situation se dégradant à nouveau (divers éléments de la force internationale d’interposition ne pouvant plus intervenir contre des coups d’artillerie, car ne disposant pas de moyens lourds), il est décidé à nouveau d’envoyer une force navale française et qui va faire l’objet de la mission Olifant XVII. Cette force navale baptisée "Task force 452" composée du PA FOCH (et de son groupe aérien), de l’E.E. DUPETIT THOUARS, de l’E.E. KERSAINT, de la Corvette MONTCALM, de l’aviso COMMANDANT DE PIMODAN, des T.C.D. ORAGE et OURAGAN, du P.R.E. MEUSE et des B.D.C. BIDASSOA et ARGENS part le 2 septembre 1983  et arrive devant Beyrouth le 6.

Dès le 9 septembre, l’ambassade de France est soumise à des tirs adverses qui font 5 tués et 14 blessés. Le 21 septembre, des obus tirés depuis le Chouf (montagnes Syro-libanaises) tombent à nouveau sur notre ambassade. Notre pays ne pouvant laisser passer, ordonne alors une mission de rétorsion qui va se concrétiser le lendemain par l’attaque et la destruction de 5 batteries de 130 et de 155 syriennes, attaques menées par les Super-Etendard des flottilles 14F et 17F. A partir du 26 un cessez le feu entre en application à Beyrouth et les bombardements cessent provisoirement.

Le 6 octobre, le FOCH est remplacé sur zone par le CLEMENCEAU qui prend alors la relève en récupérant le groupe aérien du FOCH et entame dès lors la mission Olifant XVIII.

Le 23 octobre 1983, un attentat est mené à l’aide d’un camion piégé, contre un immeuble (Drakkar) abritant un poste français, dans un quartier de Beyrouth à Ramlet-El-Beïda. L’explosion de ce véhicule bourré d’explosifs, provoque l’écroulement de l’immeuble qui s’effondre comme un château de cartes, entraînant dans la mort 58 de nos parachutistes du 1° RCP. Les blessés seront transférés en Super Frelon des 32F et 33F à bord du CLEMENCEAU pour recevoir les premiers soins, puis seront ensuite convoyés vers Larnaka (Chypre) à bord des mêmes Super Frelon avant d'être rapatriés par avion vers la France.

Une autre attaque similaire est effectuée contre les forces américaines (Batallion Landing team), stationnées non loin de l’aéroport et qui de leur côté subissent également d’énormes pertes.

Ce ne sera que le 17 novembre que le CLEMENCEAU recevant le feu vert  de l’Elysée, lancera  une mission de rétorsion vers une caserne abritant des terroristes dans les environs de Baalbeck (Camp Cheik Abdallah). A cet effet, 8 Super Etendard, escortés par 2 Crusader (Un Grumman EA-6B Prowler de l’U.S Navy assurant la couverture électronique de l’opération), larguent des bombes de  250 et de 400 kg, puis regagnent le bord. Si techniquement le raid opéré par nos avions est une réussite, il laisse toutefois  planer un doute quant à son utilité : selon certaines sources, les terroristes auraient été renseignés secrètement de cette prochaine intervention, par une personne "bien placée et informée" à Paris………..et auraient déménagé avant d’être pris pour cible !

     

Continuant sa mission sur zone, le CLEMENCEAU entre dès le 1er décembre dans le cadre de la mission Olifant XIX. C’est le 20 de ce mois que débute l’opération Anabase, destinée à couvrir le retrait des  combattants palestiniens de Tripoli, et s’opérant sur des cargos grecs. Le groupe embarqué de notre porte-avions  participe à cette mission en assurant la couverture aérienne. De leurs côtés, les SUFFREN, MONTCALM, DROGOU et PM L’HERMINIER, escortent les bâtiments grecs affrétés.

Afin d’être remis quelque peu en état, le CLEMENCEAU rejoint Toulon le 8 janvier 1984, afin d’être confié à la DCAN, et repart à nouveau en direction du Liban le 25 janvier, en compagnie du DUQUESNE.

La situation étant devenue insoutenable à Beyrouth, les détachements internationnaux basés à terre, débutent leur retrait durant le mois de mars. Ce retrait (objet de la mission Olifant XX), les français l’achèveront le 31 du mois et le CLEMENCEAU après être resté quelque temps sur zone, rejoint Toulon le 4 mai.

 

Le Tchad

Des accords militaires nous liant avec ce pays et suite à des menaces provoquées par les Toubous dans le nord de ce dernier, la Marine est sollicitée par le gouvernement afin d’envoyer des hélicoptères de la flottille 33F, pour calmer les humeurs belliqueuses. C’est ainsi que 12 HSS.1 de la flottille, embarquent discrètement à bord de l’ARROMANCHES le 3 décembre 1970 (Opération "Pétrel Alpha") débarquent quelques jours après à Douala et rejoignent N’Djaména par leurs propres moyens, 48 heures après.

Durant 3 mois, opérant en coopération avec les parachutistes français, la flottille assure les héliportages de commandos à partir de Faya-Largeau et en direction de la frontière  libyenne, reprenant ainsi les missions qui lui avaient été confiées lors de la guerre d’Algérie.

Un de ces HSS est touché en janvier 1971 par des tirs rebelles (Pas de victime et l’appareil sera remis en état par la suite).

Cette mission s’achèvera en avril 1971 (la relève étant assurée par des H.34 de l’Armée de l’Air) et les HSS.1 seront ramenés en Métropole à bord du FOCH.

Afin de contrecarrer le gouvernement libyen sur ses ambitions sur ce pays (et par voie de conséquence, une prise de pouvoir soviétique), la France est à nouveau rappelée à la rescousse dès 1978. C’est dans ce contexte que notre aéronautique navale va détacher à tour de rôle, 1 ou 2 Atlantic, afin d’y effectuer des missions de renseignements ainsi que le guidage des avions Jaguar de l’Armée de l’Air. Comportant plusieurs milliers d’heures de vol, ces missions seront organisées jusqu’en 1991 : TACAUD (d’avril 1978 à mai 1980) – MANTA (d’août 1983 à novembre 1984) -  SILURE (de 1984 à 1986) – EPERVIER (de 1986 à 1991).

 

      

 

La Mauritanie

Le Rio de Oro (Sahara occidental) est décolonisé par l’Espagne, et en 1975 l’annexion de ce territoire est opérée à la fois par le Maroc et la Mauritanie. Un front de libération (Polisario) soutenu par l’Algérie mène alors des raids en territoire mauritanien. Des accords de défense étant déjà été signés entre la France et la Mauritanie, le gouvernement français envoie des avions Jaguar à Nouakchott afin de contrecarrer les bandes Sahraouis.  Cet avion ne disposant pas de moyens suffisants de navigation et de détection pour débusquer les guerriers du désert, il est alors décidé de faire appel à l’Atlantic basé en permanence à Ouakam (Dakar), afin de guider les Jaguar.

L’opération nommée LAMENTIN va débuter en octobre 1977 et se terminer en mai 1980. A cet effet un groupe occasionnel marine est créé à Dakar et va mettre en œuvre jusqu’à 4 Atlantic, qui vont alors effectuer plus de 7000 heures de vol dans une coopération étroite avec les avions de l’Armée de l’Air. Ce sera un succès et qui sera repris ainsi que vu ci-dessus, au Tchad, entre 1978 et 1991.

 

Le Koweït et le ciel d’Artimon

Décidé par le conseil de sécurité de l’ONU dès le 6 août 1990 et confirmé le 25 août, le contrôle de l’embargo dans le conflit du Golfe (Invasion du Koweït par l’Irak), a été la mission principale de la Marine nationale. Cette mission baptisée "Artimon", nécessita l’engagement d’une vingtaine de bâtiments sur le théâtre d’opérations, bâtiments qui avec leurs hélicoptères embarqués, contrôlèrent le trafic maritime en mer Rouge, Golfes d’Oman et d’Aden. (Parmi ces bâtiments on peut citer les Frégates DUPLEIX, MONTCALM, LAMOTTE-PICQUET ou JEAN DE VIENNE, les TCD FOUDRE ou ORAGE ainsi que les pétroliers ravitailleurs MARNE, VAR ou DURANCE).

Pour l’Aéronautique navale basée à terre et dans ce contexte, deux Atlantic sont détachés à Djibouti pour faire appliquer cette résolution de l’ONU. Ils opèrent chaque jour et durant deux ans afin de pister les bâtiments de commerce transitant en mer Rouge et le golfe d’Aden, de part et d’autre du détroit de Bab El Mandeb. En cas de doute sur la nationalité du navire ou si ce dernier appartient à un pays suspect, un bâtiment de guerre alerté et présent sur les lieux, effectue alors un contrôle à bord du navire incriminé.