Le contre-torpilleur

BISON

 

       

 

Tranche 1925 loi du 13 juillet 1925

 

 

Le BISON en construction à Lorient

 

 

Chantier

Sur cale

Lancement

Essais

En service

Vitesse au déplacement Washington

Vitesse moyenne de 8 h

Arsenal de Lorient

Mars 1927

29/10/1928

Juillet 1929

Octobre 1930

40,06 nds

35,47 nds

 

 

 

Déplacement 2 436 tw 2 700 t charge normale 3 200 t pleine charge
Dimensions

Longueur :  120,30 m hors tout et 123,10 m entre perpendiculaires

Largeur   :   11,52 m à la flottaison et 11,76 m au fort

Creux  7,60 m

Tirant d’eau en charge 3,38 m AV et 4,68 m AR

Armement

5/138,6 mm (IX5) élévation maximum 35° approvisionnés chacun à 140 coups

Modèle 1923 de 40 calibres de longueur projectile de 40,2 kg, portée 19 000 m

Vitesse pratique de tir 5/6 coups minute par pièce

4/37 mm CA (IX4) semi automatiques (2400 coups) modèle 1925

4 mitrailleuses de 13,2 mm (IIX2)

6 tubes lance torpilles 550 mm (IIIX2) torpilles modèle 1923 D, longues de 8,57m pesant 2105 kg (charge 415 kg) portée 13 000 m à 35 noeuds ou 9 000 m à 40 noeuds

2 grenadeurs (24, grenades de 242/200 kg)

4 mortiers ASM Thornycroft (12 grenades 125/100 kg)

Appareil propulsif

4 chaudières à petits tubes verticaux timbrées à 20 kg/cm² surface de chauffe 2400 m² vapeur saturée à 215° chambre de combustion 44 m3

2 turbines à engrenages simple réduction Parsons

2 hélices

Puissance 64 000 CV (prévus) 75 000 CV à feux poussés

Mazout soutes 572/585 t

Effectif 10 officiers, 34 officiers Mariniers, 186 quartiers maîtres et matelots

 

 

 

 Le BISON au cours de ses essais

 

 

 

Historique

 

Peu de faits importants jusqu’à l’entrée en guerre hormis une collision avec le croiseur GEORGES LEYGUES au cours d’un exercice de nuit, qui lui valu la perte de l’avant et 18 morts.

 

 

 

 Le BISON après sa collision avec le GEORGES LEYGUES

 

 

 

Au cours des opérations de Norvège il disparaît le 03 mai 1940 sous les coups de la Luftwaffe, Il appartenait à la 11° DCT dont il arborait le guidon de chef de division (CV BOUAN) qui comportait le MILAN (CF BROS) et  l’ÉPERVIER (CF PLUMEJEAUD)).

 

En préambule je cite les paroles du CV OUDIN officier canonnier du BISON peu de temps avant son décès le 18 février 1975 à Lyon

En ce qui concerne la fin du BISON

« Quand tout le monde eut sauté, je jette mon casque et saute moi-même. Je m’écarte et regarde mon bateau, ou ce qu’il en reste, pour la dernière fois, où flotte, au dessus, le grand pavillon Français

C’est toute ma vie qui s’en va et tout ce qui me restait de jeunesse et d’élan que j’avais donné pour que ce bateau soit capable de tirer et bien tirer ».

 

Compte rendu de la perte du BISON

 

03 mai 1940 Escorte du convoi évacuant les troupes de NAMSOS
  08H50

Une première vague de 39 appareils attaque le convoi.

Le croiseur MONTCALM  semble visé par un bombardier, mais celui-ci s’en prend au BISON qui est frappé de plein fouet à l’avant devant la passerelle.

 

 

   

Compte rendu de l’officier de quart du MONTCALM :

   

1 - De trois à cinq secondes après la chute de la bombe, aucune réaction visible.

2 - A cet instant une flamme élevée jaillit de l’avant

3 - Explosion violente, nuage de fumée considérable dans lequel le BISON  disparaît complètement.

4 - Aperçu nettement plusieurs débris du bâtiment, dont une pièce de 138 projetée avec sa plateforme à une cinquantaine de mètres de hauteur

5 - La fumée se dégageant, vu d’abord l’arrière, puis les quatre cheminées.

6 - Le bâtiment est coupé sur l’avant de la cheminée 1.

7 - L’avant a complètement disparu. L'arrière flotte.

     Un incendie se propage de l'avant vers l'arrière par bâbord.

   

Le MONTCALM vient sur la gauche en grand pour passer sur l’arrière du BISON. On peut alors constater :

   

1 - Nombreux survivants à l’arrière et sur le pont milieu. La plupart munis de leurs brassières de sauvetage. Dans un ordre parfait.

2 - Le bâtiment est entouré de nombreux morceaux de bois flottants et d’une nappe de mazout qui commence à flamber, à bâbord de lui. On distingue des hommes, noirs de mazout, accrochés à diverses épaves.

3 - La baleinière du BISON correctement armée, passe pour se porter au secours des naufragés qui sont à l’eau.

   

Pendant ce temps les attaques aériennes se poursuivent. Le demi BISON flotte et tire toujours, tout frappé à mort qu’il soit.

Les destroyers britanniques HMS GRENADE, AFRIDI, et IMPÉRIAL s’empressent autour de lui et accostent.

Le CV BOUAN a été tué à son poste, le corps du Commandant en second CC GIRAUD est repêché couvert de blessures mortelles. Les survivants sont pris à bord des destroyers souvent affreusement brûlés, on tire de l’eau les hommes qui nagent dans le mazout. Le plus anciens des officiers survivants le LV OUDIN quitte le bord le dernier et est recueilli par l’AFRIDI.

  10H20 Fin de l'attaque ennemie

HMS DEVONSHIRE donne l’ordre à l’AFRIDI resté en arrière, de couler l’épave du BISON.

Quelques coups de canons sont tirés...

  12H07 Le BISON disparait par 65° 42’ N et 07° 17’ E
  13H52

Nouveau raid de la Luftwaffe mené par 3 appareils. S14H45i les deux qui s’attaquent au croiseur auxiliaire anglais CARLISLE échouent dans leur attaque, le troisième met au but sur l’AFRIDI, près de la cheminée 1. Le GRIFFIN et l’IMPERIAL se portent au secours de l’AFRIDI en se plaçant de chaque bord de celui-ci ils embarquent les rescapés du BISON et les survivants des 219 officiers et hommes de l’AFRIDI (Cdt P-L PIAN).

  14H45

L’AFRIDI coule.

Le GRIFFIN isolé du gros des navires sera à son tour violemment attaqué mais parviendra à s’échapper.

05 mai 1940  

Au mouillage de Scapa Flow une cinquantaine de rescapés du BISON sont transférés par un remorqueur à bord du paquebot réquisitionné PRESIDENT DOUMER. 9 officiers restent de l’Etat-major du BISON. Tous vêtus de bleus d’emprunt ou de vareuses trop grandes ou trop petites.

Le SPHINX  navire hôpital français avait embarqué les blessés du BISON, à son appareillage de Scapa Flow il immergera avec les honneurs réglementaires les huit malheureux morts de leurs blessures que les équipes médicales n’avaient pu sauver...

 

 

Un autre  compte rendu extrait de l’ouvrage LES DESSOUS DE L’EXPÉDITION DE NORVÈGE 1940. Colonel du Pavillon. (Arthaud)

 

NAMSOS, vendredi 3 mai 1940

02H30

Il fait déjà petit jour.

Les transports ont quitté la rade.

L’EL MANSOUR, parti à l’avance est déjà loin.

L’EL KANTARA fonce entre les parois du fjord.

L’EL DJEZAIR et le CARLISLE suivent.

Le YORK  qui s’est attardé dans la rade, rattrape le convoi, le dépasse.

L’AFRIDI ferme la marche.

Sur tous les bâtiments, les hommes harassés se sont couchés les uns sur les autres et dorment comme des brutes.

03H30

Le soleil est déjà haut.

Presque à la sortie du fjord l’EL DJEZAIR stoppe. Une fumée noire s’élève de la machine. C’est le plomb de la ventilation qui a sauté. Le YORK et le CARLISLE  restent en protection, l’EL KANTARA  continue.

Dix minutes après -des minutes qui semblent des heures-  la réparation est faite et le navire et ses escorteurs reprennent leur course.

03H50

Les croiseurs auxiliaires et les croiseurs de bataille sortent du fjord : quelques bancs de brume vers le large qui, malheureusement, se dissipent.

Les bâtiments retrouvent la forte protection qui a navigué au large toute la nuit : le MONTCALM, le BISON, les destroyers britanniques NUBIAN, GRIFFIN, IMPERIAL, GRENADE, le tout sous les ordres de l’Amiral CUNNINGHAM qui a sa marque sur le croiseur DEVONSHIRE.

L’Amiral CUNNINGHAM envoie le YORK vers l’EL MANSOUR, déjà hors de vue. Il va le rejoindre grâce à sa vitesse. Ce petit convoi prend de plus en plus d’avance, file vers le cercle polaire, avant de prendre une direction plus à l’Ouest et rabattre vers le Sud, vers Scapa Flow.

L’armada s’organise en deux groupes :

En avant l’EL KANTARA flanqué du MONTCALM, du BISON et du HMS GRENADE.

A 3000 m, l’EL DJEZAIR et le CARLISLE, sur la gauche le CARLISLE.

Les autres destroyers sont repartis.

La formation se met en ligne de file.

La protection semble fortement assurée.

Le rembarquement a réussi… le plus dur semble fait. Chaque mille parcouru, chaque minute qui passe, nous éloignent d’une menace aérienne.

Il était dit cependant que les allemands ne lâcheraient pas si facilement leur proie.

05H30

L’inévitable hydravion de service se montre à l’horizon. Il vole loin, en arrière. Il disparaît rapidement après avoir repéré le convoi.

08H30

Alerte !

Les premiers avions apparaissent.

Les klaxons hurlent sur tous les bâtiments.

Le convoi prend ses dispositions ; il marche en lacets.

Les bombardiers en formation de quatre, volent très haut, brillent au soleil, puis s’approchent à la verticale et bombardent, tandis que d’autres amorcent de semi piqués pour lâcher leurs bombes à faible altitude et s’éloignent en rasant les flots.

Ce sont des piaulements aigus, des éclatements sourds. Les bombardiers tirent de trop haut et ratent leurs objectifs : un chapelet de bombes arrive entre le DEVONSHIRER et l’EL DJEZAIR, un autre à cent mètres en avant du BISON

Des gerbes d’eau, allant jusqu’à 50 mètres, dissimulent les navires les uns après les autres. Elles s’élèvent devant, à gauche, plus loin, plus près.

La DCA est entrée en action et réagit. Les mitrailleuses crépitent, les canons tonnent, crachent du feu à telle cadence que les tubes sont brûlants et doivent être refroidis avec des serpillières trempées dans l’eau.

Tous les hommes d’équipage disponibles sont de corvée pour accélérer l’approvisionnement des pièces en munitions.

La bataille fait rage : c’est un véritable enfer, un vacarme étourdissant.

Les vagues de quatre se succèdent : le ronronnement d’une formation n’est pas encore éteint que celui de l’équipe suivante se précise.

Spectacle grandiose s’il n’était aussi dangereux.

Sur les transports archi-pleins, les hommes sont partout, envahissent tout, les coursives, les escaliers, les cales, les différents ponts. Pas de brassières pour tous. Les uns ne veulent pas voir, ne pas entendre et se font petits ; d’autres appuyés sur les bastingages, regardent, hébétés, ce combat auquel ils ne peuvent participer. Ils n’espèrent qu’un dénouement heureux.

Il faut avoir vécu de tels instants pour se rendre compte de la formidable tension à laquelle sont soumis les nerfs, même les mieux équilibrés...

Les avions après une heure de combat sans résultat, disparaissent. Le calme revient mais le « mouchard » est toujours là qui surveille le convoi.

10H00

L’infernale sarabande recommence. Le quadrille aérien reprend, plus intense ; on tire de partout.

Les vagues de bombardier se succèdent à haute altitude, au dessus du convoi, et lancent leurs bombes… on les voit se balancer au départ, grossir ; elles produisent un sifflement sinistre. Elles semblent tomber sur vous. Malgré soi, on baisse la tête, on remonte les épaules… elles explosent, 50 mètres, 100 mètres plus loin, soulevant d’énormes geysers.

L’une d’elle rase l’étrave du MONTCALM, éclate : l’avant du croiseur disparaît dans une gerbe d’eau.

10H30

Un Stuka amorce avec détermination un piqué sur le MONTCALM qui semble visé à nouveau. L’avion descend à vive allure, suivi d’une traînée de fumée, il parait touché.

Les cœurs battent de joie sur tous les bâtiments où on suit le combat.

Hélas, le faux éclopé se redresse, infléchit sa course : c’est un demi-piqué qui s’achève à la verticale du BISON dont les canons de 37 tirent rafales sur rafales.

Une bombe de 300 kg est lâchée sur le contre-torpilleur qui est touché à l’avant. L’engin passant au ras de la passerelle, va éclater dans les fonds, dans une soute à munitions.

Explosion de nombreux débris, une pièce de 138 avec sa plateforme, sont projetés en l’air à une cinquantaine de mètres.

Puis c’est un grand souffle chaud, un ébranlement de l’air.

Une flamme immense jaillit de l’avant, puis un nuage de fumée noire s’élève peu à peu.

Des débris enflammés retombent partout.

L’avant a disparu dans les flots, coupé à hauteur de la cheminée 1. L’arrière flotte encore...

Le commandant du BISON ...BOUAN, le chef d’Etat-major de la 11° DCT LV MERLIN, quatre autres officiers, l’officier de liaison de la marine britannique sont tués sur le coup. Le commandant en second CC GIRAUD, est projeté à la mer par l’explosion, couvert de blessures mortelles.

Bien d’autres morts, des officiers, des quartiers maîtres, des marins, les canonniers de l’avant, toute la bordée en train de déjeuner dans les postes au dessus des soutes à munitions avant, ont disparu également.

L’officier canonnier le LV OUDIN, à l’arrière, hurle à l’armement du 37 : « Tirez, Nom de Dieu, bandes de cons … » et le BISON blessé à mort, reprend le tir  de toutes ses pièces disponibles sur ’avion qui s’échappe dans un vrombissement d’enfer. Le BISON se défend héroïquement jusqu’à la mort.

Cet officier –c’est le plus ancien de ceux qui restent- prend le commandement. Il crie : « c’est moi qui commande »

Les marins sont évacués des fonds. L’équipage se rassemble en ordre parfait, rangé comme pour une inspection, sur les ponts du milieu et arrière. Courage, discipline, éducation ?... Un peu de tout cela. « On se vengera » disent-ils.

Des équipes saisissent les extincteurs pour noyer les soutes arrières, mais les commandes sont faussées ; d’autres dégagent les blessés.

L’unique baleinière armée en un temps record, est mise à l’eau, des marins s’installent et se mettent à ramer en ordre, pour aller sauver leurs camarades projetés en mer par l’explosion et qui se débattent dans eau visqueuse.

Tout ce qui peut flotter est je té à la mer : brassières de sauvetage, radeaux, tout ce qui est en bois.

Le BISON  courre sur son erre ; dans son sillage s’étend une énorme nappe de mazout où flotte tout ce matériel.

L’EL KANTARA veut aller à son secours. Le DEVONSHIRE le rappelle : « reprenez votre poste, j’ai des torpilleurs ».

L’aumônier de la 1re DCX à bord de l’EL DJEZAIR bénit les victimes.

Le MONTCALM  se précipite sur les lieux, passe à cent mètres du point du sinistre, mais ne s’attarde pas car il ne veut pas abandonner la protection du convoi. Il rend à son camarade de combat les derniers honneurs et s’éloigne pour rejoindre son poste.

Les blessés sont ramenés à bord, sur la plage arrière,  où le médecin s’active à les soigner avec beaucoup de sang froid.

Le destroyer GRENADE arrive pour embarquer les rescapés ; le BISON est très incliné. L’évacuation d’un grand nombre de blessés semble longue .HMS  GRENADE manque son accostage... Il ne peut plus pleinement utiliser son artillerie de DCA et devient une cible facile, d’autant que les bombardiers continuent à lancer leurs engins. Une bombe vient de tomber à 50 m de l’épave.

L’AFRIDI demande à l’amiral CUNNINGHAM la permission de rejoindre le groupe BISON/GRENADE afin de le protéger contre de nouvelles attaques aériennes.

Mais, ne voulant pas rester à l’écart, il accoste le bord libre, place une passerelle pour participer au sauvetage des survivants, dans l’ordre : les blessés, l’équipage, les officiers. Il arrose avec des manches à incendie, les munitions qui brûlent. L’évacuation est difficile à cause de la bande prise par le BISON et il faut faire vite car l’incendie se propage de l’avant vers l’arrière et menace une soute à munitions. La peinture de l’AFRIDI prend feu. Il se dégage au plus vite.

L’IMPERIAL arrive à son tour et participe au sauvetage. Les marins du BISON qui restent encore à bord commencent, sur ordre, à sauter à l’eau, s’accrochent aux moyens de fortune qui flottent : ils sont noirs de mazout.

Le LV OUDIN comme il se doit saute le dernier.

La mer est heureusement calme.

Les embarcations des destroyers repêchent les rescapés. Mais le mazout prend feu, ce qui rend effroyable la situation des hommes dans l’eau. Nombreux sont atteints de brûlures. C’est la chose la plus atroce qu’on puisse imaginer.

Belle et courageuse activité des marins anglais

Et pendant ces épreuves, le bombardement continue : on compte 39 Messerschmitt.

10H20 Fin de l’attaque aérienne. La DCA se tait.
11H00 le DEVONSHIRE envoie le message : « feu violent dû à l’explosion magasin BISON  »
11H30

Le MONTCALM signale  «Sillage par le tribord de l’EL KANTARA »

L’Amiral DERRIEN demande à l’amiral CUNNINGHAM de donner l’ordre à un de ses destroyers de couler l’épave du BISON que l’on ne peut remorquer et qui persiste à flotter. L’Amiral s’adresse à l’AFRIDI qui recueille les derniers survivants : « Coulez l’épave du BISON »

12H07

Quelques coups de canon… c’est chose faite. Le BISON s’enfonce lentement, Pavillon haut. Il ne reste plus sur la mer que le mazout qui continue à brûler et des épaves flottantes.

Quelques uns des blessés et rescapés sont à bord du HMS GRENADE, de l’IMPERIAL, mais la plupart sur l’AFRIDI où les blessés sont soignés, les valides baignés, habillés réconfortés. Ils se regroupent à l’arrière. Sur les 264 membres d’équipage ils ne sont plus que 120, dont certains grièvement blessés

Pendant ce temps le convoi file sans s’arrêter. Il zigzague, accélère l’allure, les bâtiments augmentant les distances et les intervalles.

L’AFRIDI, qui ne voit plus de naufragé à la surface des eaux, rejoint le convoi pour reprendre sa mission de protection.

Attardé il chasse à vive allure.

13H52

Le ciel vibre à nouveau : des bombardiers reviennent à l’assaut. Ils ne sont que trois Messerschmitt, c’est déjà trop. Deux d’entre eux, d’assez haut, lâchent leurs bombes sur le croiseur auxiliaire CARLISLE, sans d’ailleurs l’atteindre.

Le troisième amorce une attaque en semi-piqué sur l’AFRIDI qui s’approchait du MONTCALM.

La bombe tombe, touche le destroyer à l’avant, près de sa première cheminée et explose le mât est brisé, la tôle de la coque avant est retroussée vers l’arrière.

Une immense flamme s’élève, des jets de vapeur fusent de toute parts. L’AFRIDI, blessé à mort, penche, abat en grand sur bâbord.

Le GRIFFIN et l’IMPERIAL se portent immédiatement à son  secours, s’amarrent de chaque côté pour essayer de le soutenir.

Ils embarquent au plus vite les blessés, les rescapés du BISON, les rescapés du BISON, les 210 officiers et membres d’équipage de l’AFRIDI et ceux qui, au départ de Namsos, étaient montés à son bord : les rescapés du BITTERN  coulé à Namsos, le 30 avril, les captains et midships de cinq chalutiers bombardés dans le Namsenfjord, les officiers anglais de la base maritime et les retardataires embarqués au dernier moment.

L’AFRIDI s’enfonce lentement. Les deux torpilleurs larguent les filins et s’éloignent au plus vite pour rejoindre le convoi.

14H45 L’AFRIDI disparaît dans les flots.
15H00

12 bombardiers reviennent… vraiment cela ne finira jamais. Ils en veulent cette fois au GRIFFIN qui est un peu à l’arrière. Il a à son bord 400 rescapés. Le destroyer se défend. A toute vitesse, il vire, revire, disparaît entre les gerbes qui le touchent à 20, 50 mètres et l’inondent de trombes d’eau. Ses pièces crachent un feu d’enfer.

Le LV OUDIN et deux officiers de chalutier participent à la défense ; ils font la chaîne pour passer les douilles.

Les avions s'éloignent enfin sans avoir obtenu de résultat.

15H30

Le GRIFFIN pouvait transmettre un court message « No hits »

(le journal de bord de  l’EL DJEZAIR mentionne au moins 55 attaques par plus de 40 bombardiers entre 10H00 et 15H30...)

19H13

Le DEVONSHIRE envoie un message au MONTCALM  « je reçois de l’IMPERIAL le message suivant : Je demande instructions  pour savoir si le CC GIRAUD du BISON, mort, doit être immergé ? »

C’est en effet la coutume de la Navy d’immerger les marins morts en mer, enveloppés dans de la toile à voiles, avec un obus d’exercice aux pieds... Le MONTCALM répond : « votre message de 19H13 – immergez s’il vous plait »

L’amiral CUNNINGHAM  passe un message à tous les bâtiments :

« Mettre les couleurs en berne à 21H45, en mémoire des marins morts pendant la journée ». C’est le moment où le CC GIRAUD  doit être immergé.

Sur toutes les unités, à l’heure dite, les pavillons descendent aux drisses aux deux tiers de la hauteur réglementaire. Les bâtiments anglais mettent le pavillon Français sous le pavillon britannique. Chacun se découvre.

22H00 La cérémonie est terminée le convoi fait route sur Scapa Flow.

 

samedi 4 mai 1940

15H00

Les destroyers IMPERIAL, GRENADE, et GRIFFIN quittent le convoi pour aller mouiller aux Shetland  à Sulton-Voe où ils transfèrent les rescapés du BISON  à bord du navire hôpital français SPHINX ainsi que sept morts.

Un nouvel appel dénombre 121 rescapés dont 60 blessés, une dizaine d’entre eux assez grièvement.

Le SPHINX appareille dans la soirée pour Scapa Flow.

 

dimanche 5 mai 1940

  Les rescapés valides ou légèrement blessés du BISON  sont transférés sur le paquebot réquisitionné PRESIDENT DOUMER en rade de Scapa Flow.

 

nuit du 5 au 6 mai 1940

 

Le petit dragueur de mines HEBE sort du mouillage de Scapa Flow.

A l’arrière, les corps de 23 marins britanniques et de 7 marins du BISON, ramenés par le SPHINX seront immergés selon la coutume anglaise pour ceux qui sont morts en mer. Les honneurs règlementaires sont rendus par un détachement britannique en armes. Trois officiers et dix marins du MONTCALM assistent à cette triste cérémonie.

 

 

Communiqué de l'Amirauté française :

« Le 3 mai, un convoi de transports de troupes a été attaqué en Mer du Nord par l’aviation ennemie. Aucun bâtiment n’a été touché, mais le contre-torpilleur BISON, qui faisait partie de l’escorte, a été coulé. »

 

Contre Torpilleur BISON -  Citation à l’Ordre de l’Armée de Mer

« Commandé par le Capitaine de Vaisseau BOUAN, a glorieusement sombré au cours d’un violent combat avec un ennemi aérien ; a poussé l’esprit offensif jusqu’aux dernières limites, tirant encore de ses pièces alors que, coupé en deux, envahi par l’incendie, il était près de couler bas. »

 

Citation du Lieutenant de Vaisseau OUDIN

« Par la suite de la mise hors de combat de ses chefs, a été amené à prendre le commandement du contre –torpilleur BISON, désemparé par les coups de l’ennemi. A su organiser et conduire avec calme le sauvetage des survivants. »