De 1919 à 1938

 

 
   
   
L'aviation d'escadre
   
Le BEARN et ses escadrilles
   
Les hydravions embarqués
   
L'exploration
   
Le bombardement
   
La chasse
   
Le torpillage
   
La surveillance
   
Les écoles
   
Les bases
   
Les opérations extérieures
   
   

Généralités

La première guerre mondiale vient de se terminer.

Après l’armistice, la Marine tout comme l’Armée de terre, va subir le contrecoup des réductions de budget. L’aviation maritime, voit beaucoup de ses aéronefs détruits ou rachetés par des compagnies civiles. Quelques rares centres (CAM) demeurent malgré tout en activité. Celui de Fréjus Saint Raphaël sur lequel se trouvent regroupés une grande partie du personnel, ainsi que quelques aéronefs en état de vol, va alors devenir le moteur d’une résurrection.

Petit à petit de nouvelles escadrilles dotées de matériels neufs vont voir le jour et seront stationnées dans les  centres existants (Brest - Cherbourg –Hourtin - Rochefort ) ou les nouveaux crées au fil du temps (Karouba en 1918 – Berre et Cuers en 1919  - Hyères en 1925 – Marignane en 1930 – Saint-Mandrier en 1933 – Lanvéoc Poulmic en 1936 et Aspretto en 1938). Signalons aussi  la création outre mer, de celui de Cat-Laï en Indochine en 1930  ainsi que ceux de Fare-Ute à Tahiti et de Fort de France en Martinique en 1938.

La catastrophe du DIXMUDE le 23 décembre 1923, va sonner l’heure du déclin des dirigeables. Leurs missions seront alors progressivement confiées aux hydravions d’exploration. Volontairement nous n’aborderons pas ici le volet de l’aérostation ainsi que de celui des dirigeables, stationnés à Sidi-Ahmed (Bizerte), Cuers-Pierrefeu ou Rochefort.

L’année 1928 voit l’entrée en service du porte-avions BEARN. Sa dotation d’une trentaine d’aéronefs institue pour l’Aéronautique maritime, le terme de Flottille (groupement d’escadrilles).Bien que la technique ne soit pas encore au rendez vous, les bâtiments de l’escadre se voient doter à partir des années 1930, d’un ou deux hydravions de surveillance. Ils préfigurent les hélicoptères embarqués que nous trouvons de nos jours sur les frégates ou autres bâtiments porteurs.

Cette même année 1928 voit aussi la création du ministère de l'air. Ce dernier désirant rassembler sous sa houlette toute l'Aéronautique française (Commerce, Guerre, Marine), il en résultera sept années de tension entre la Marine et ce dit ministère. Le décret du 27 novembre 1932 restitue à la Royale son autorité sur l'aviation maritime mais écartèle cette dernière en 3 catégories :

- L’aviation embarquée, appartenant en propre à la Marine.

- L’Aéronautique de coopération navale non embarquée, mise à la disposition de la Marine par l'Armée de l’Air.

- L’aviation autonome qui appartient à l’Aéronautique militaire et qui peut être mise à la disposition de la Marine (celle-ci comprend les escadrilles de chasse terrestre 3C1, 3C2 et 3C3 et les escadrilles de bombardement 4B1, 4B2 et 4B3).

Le 1er avril 1933, l’Armée de l’Air est enfin créée. Des discussions passionnées vont alors se dérouler entre cette dernière et la Marine afin de « redistribuer les cartes ». Si déjà en 1933, une première escadrille (celle de Cat-Laï en Indochine) est enlevée à la Marine, l’Armée de l’Air absorbe définitivement l’aviation autonome 3C1, 3C2, 3C3, 4B1,4B2 et 4B3.

Le décret du 22 août 1936 donne la nouvelle organisation de l’Aéronautique maritime :

- Une Aéronautique Navale appartenant à la Marine et comprenant l’aviation embarquée ainsi que celle de coopération maritime non embarquée.

- Une Aéronautique de coopération maritime appartenant à l’Armée de l’Air (3C1… 4B1, etc…).

Le terme d’aviation maritime (ou Aéronautique maritime) disparaît alors à cette époque pour être remplacé par celui d’Aéronautique navale.

Cette période de l’entre deux guerres, voit émerger les nouvelles missions confiées aux aéronefs de la Marine,  notamment celle de l’Exploration (Patrouille maritime) et celle du torpillage.

Abordons si vous le voulez bien la numérotation des escadrilles. Jusqu’en 1928, ces dernières sont classées en 3 types de missions : « B » pour le bombardement, « C » pour la chasse et « R » pour la reconnaissance. Le 1er avril 1928, l’appellation de « Reconnaissance » disparaît. Celle-ci est désormais scindée en deux parties :

- l’Exploration, codée « E »

- la Surveillance, codée « S »

La circulaire 96 EMG/1 du 12 mai 1931 officialise la lettre « T » pour les escadrilles de torpillage.

Toutes les escadrilles, quelles que soient leurs missions, vont subir néanmoins durant ces vingt années, des modifications dans leurs numérotations (hormis leurs lettres de missions). L’explication en étant quelque peu rébarbative (classement selon le n° des régions maritimes et le rang), nous ne ferons que citer les références sur les différentes circulaires ou textes :

- circulaire n° 64 Aéro.1 du 22 février 1926

- circulaire n° 123 Aéro.1 du 30 juin 1927

- lettre n° 252 EMG/1 du 24 juillet 1935

- circulaire n° 332 EMG/3 du 1er avril 1938

Afin de ne pas indisposer les lecteurs, il est préférable d’éviter de citer la numérotation successive de chaque escadrille. Toutefois et à titre d’exemple, voici celle de l’une d’entre elle : BN 402 créée le 1-5-1924, devient au fil du temps T402 en novembre 1924, 6B2 le 1-3-1925, 6B1 le 1er mars 1926, 4B1 en juillet 1927 et enfin GB II/25 dans  l’Armée de l’Air en 1936.

Pour clore ce préambule, et avant d’aborder les diverses rubriques se rattachant à cette période 1919-1938, force est de constater lors de la déclaration de guerre en 1939  que : dotée d’environ 370 appareils de combat répartis dans une trentaine d’escadrilles, l’Aéronautique navale forte d’environ 10 000 hommes, possède un matériel aérien d’un âge plus ou moins avancé et quelque peu désuet. L’arrivée tardive d’avions modernes ne changera guère le cours des évènements lors de la campagne de France en mai 1940.

Mais ceci, fera l’objet d’une autre volet…